Jean Bertonlino

Les nutrionnistes sont devenus les 
gourous de nos sociétés 
gavées, où le seul souci est 
de perdre du poids.

Jean-Michel Cohen

Le gourou croit avoir la science infuse, moi la science m’a rendu humble. Mais je constate : quand je dis de manger des brocolis pour éviter le 
cancer, ce n’est pas une ineptie.

Jean Bertonlino

Avant, c’était la mode des confesseurs, puis des psys, des chirurgiens esthétiques, aujourd’hui, c’est celle des nutritionnistes. Si vous avez choisi cette 
spécialité, ça n’est pas par hasard, c’est que vous devez gagner 
plus d’argent.

Jean-Michel Cohen

Quand j’ai choisi cette spécialité, dans les années quatre-vingt, elle n’avait pas encore 
explosé, celui qui faisait fortune c’était le médecin de famille.

Jean Bertonlino

Il y a mille et un régimes, mais tous se révèlent inefficaces, 
à commencer par votre best-seller Savoir maigrir.

Jean-Michel Cohen

Le meilleur des nutrionnistes ne peut pas faire maigrir quelqu’un qui ne le veut pas. La stabilisation n’existe pas : après un régime on est contraint de faire attention à son alimentation jusqu’à la fin de ses jours. C’est la vérité et je la proclame haut et fort.

Jean Bertonlino

Les nutritionnistes ont l’air de découvrir ce que la nature nous a fait comprendre depuis des siècles : le paysan qui se « tape » son cassoulet après des heures de labour ne grossit pas.

Jean-Michel Cohen

Mais depuis qu’il a découvert la pizza surgelée, il grossit, même en labourant : 500 grammes de cassoulet c’est 780 calories, une pizza de 500 grammes ça peut aller jusqu’à 1 400 calories.

Jean Bertonlino

Pas besoin de vous rendre 
visite pour savoir que le régime crétois fait des miracles : 
du fromage de chèvre, de l’huile d’olive et beaucoup de légumes 
et vous vivrez centenaire.

Jean-Michel Cohen

Dit comme cela, le 
régime crétois, c’est le régime 
crétin ! Il faut ajouter que les 
Crétois mangent moins que la moyenne (1 700 calories au lieu 
de 2 200), travaillent très peu et font tous les jours la sieste. Pareil pour les centenaires d’Okinawa.

Jean Bertonlino

En quoi est-il nécessaire d’être nutritionniste pour remarquer que dans les pays du Nord, buveurs de bière, il y a huit fois plus d’infarctus que dans le Sud-Ouest où l’on se nourrit de confits et où les vins rouges sont très tanniques ?

Jean-Michel Cohen

Notre métier s’est enrichi de connaissances nouvelles : on sait que les graisses d’oie et de canard sont riches en graisses protectrices qui empêchent les maladies du cœur. Et ça n’est que depuis très peu de temps qu’on connaît les 
bénéfices des antioxydants contenus dans le vin. Ce n’est pas de la sorcellerie mais de la science.

Jean Bertonlino

Tout ce que vous affirmez avec des termes scientifiques, 
les vieilles paysannes le savaient par la tradition. Ce qui me fascine chez les peuples premiers c’est qu’ils savent des choses que les médecins ignorent encore. Il y a chez les Amérindiens des botanistes qui connaissent toutes les plantes. Ces peuples sont en 
communion avec leur environnement, ils n’ont pas besoin de 
centrifugeuse ni de microscope.

Jean-Michel Cohen

Vous semblez faire partie de ces gens qui pensent que fumer n’est pas dangereux parce que 
votre concierge fume depuis quarante ans et qu’elle est, en 
apparence, en bonne santé… Ou que tout ce qui est naturel est bon, y compris la ciguë et l’amanite phalloïde…

Jean Bertonlino

Au siècle dernier, les médecins conseillaient du bordeaux ou du bourgogne à leurs patients. Ces vins étaient considérés comme des médicaments quand les gens étaient anémiés.

Jean-Michel Cohen

On conseillait aussi les eaux enrichies en arsenic et du lait conservé dans des conteneurs 
de plomb, ce qui était particulièrement toxique.

Paul Wermus

Le mot de la fin ?

Jean Bertonlino

Plutôt que de suivre 
les conseils d’un nutritionniste, je préfère rouler 45 bornes à bicyclette et ensuite me mitonner un sauté de veau aux carottes que je 
dégusterai sans me restreindre.

Jean-Michel Cohen

Il n’y a rien de mieux que du pain non industriel pour réparer les muscles que l’on a fatigués au cours d’un effort. Vous êtes un nutritionniste sans le savoir, mais la sagesse populaire a ses limites. Vous ne connaissez que certaines petites choses, moi j’essaie d’en connaître le plus grand nombre.