Aujourd'hui, à la maison de retraite où se trouve mon père, on a fêté les anniversaires des résidents nés en mai. On avait rendez-vous à 15h 30. Papa était déjà installé à la table d'honneur et attendait sans savoir ce qui allait se passer.

Atteint de la maladie d'Alzheimer, il est dans cet établissement depuis mars 2007 (quelques jours après le décès de ma mère qui a été emportée par un cancer). La maladie le désoriente, il mélange les époques et a des épisodes délirants : il parle de choses qu'il a faites (mais ce n'est pas vrai du tout !), des choses un peu farfelues et que nous savons bien qu'il est incapable de faire. Enfin, on le félicite et il est content ; il montre ainsi qu'il vaut encore quelque chose, car il se rend bien compte que ses facultés diminuent, qu'il oublie les choses, que par moment il est complètement perdu et ne se retrouve plus dans sa chambre.

   Il me reconnait bien ainsi qu'un de mes frères ; en fait, c'est parce que nous venons très souvent le voir et ça permet de garder un lien encore intact dans ce qui lui reste de mémoire. En revanche, il a oublié les visages de ses autres enfants et ce, malgré les photos que je lui ai mises dans sa chambre.

Donc, Papa a eu droit à un beau morceau de gâteau surmonté d'une bougie. Il a soufflé sa bougie pendant qu'on le prenait en photo. Ensuite, il y a eu de la musique avec de vieilles chansons d'autrefois et tout le monde a chanté à tour de rôle. On a passé un bon moment.

Pourtant, cela n'a pas toujours été drôle : la maladie avait rendu Papa très agressif, surtout envers moi qui suis chargée de m'occuper de lui et de ses affaires. Je ne le reconnaissais plus ; lui qui auparavant ne jurait que par moi (j'en étais arrivée à me dire que j'étais sa fille préférée), m'injuriait, me traitait de voleuse et me crachait sa haine à la figure en disant qu'il voulait que je meure et qu'il ne voulait plus me voir ! Du coup, au lieu de venir le voir 2 fois par semaine, j'étais rendue à lui rendre visite qu'une fois tous les 2 mois, tant cette situation me perturbait et m'angoissait.

Il a fallu qu'il se mette à lancer une chaise sur un soignant pour que le médecin réagisse et lui donne un traitement contre son agressivité. Maintenant, il est tout gentil avec moi, J'ai retrouvé mon Papa d'avant. Je vais le voir tous les 15 jours et à chaque fois, je lui porte un gâteau ou des crêpes que nous partageons avec un petit café :

il est content car il est très gourmand et moi, je le vois sourire et je suis heureuse pour lui.

Il ne nous reste plus que lui à présent et nous souhaitons qu'il vive encore longtemps car la perte de Maman nous a tous beaucoup éprouvés, Papa le premier : il a été hospitalisé d'urgence fin mars 2007 car il se laissait mourir ; il ne voulait ni boire ni manger et se bouchait sans arrêt le nez pour s'empêcher de respirer. Maintenant, ça va mieux mais il n'oublie pas sa femme chérie et pleure chaque fois qu'il parle d'elle. Malgré cela, il a envie de vivre et c'est le principal.

Cette maladie me fait peur car j'ai une tante qui, elle aussi, en était atteinte et elle décédée récemment. Pourvu qu'il ne m'arrive pas la même chose ! Deux cas dans la famille ! Plus un cancer, celui de Maman (c'est le premier cas) Mes frères et soeurs y pensent beaucoup aussi !

Voilà, mes coco(tte)s, je ne suis pas très marrante ce soir ! Mais j'avais besoin de parler de ça avec vous. J'ai beaucoup de petits soucis que j'essaie de relativiser car j'ai tendance à être très bilieuse. Alors, quand j'en étale un, ça me soulage et le "sac à soucis" (l'estomac chez moi) s'allège un peu !

Allez, je vous fais à tou(s)tes de très gros bisous. A demain, mes joli(e)s.