De Bruacum à Bruay-La-Buissière en passant par Bruay-Les-Mines et Bruay-en-Artois la ville a changé de nombreuses fois de noms et de visages... Vous lui connaissez surtout son passé minier et une certaine affaire criminelle qui a défrayé la chronique. Pour en savoir plus, voyagez avec nous dans le temps.
"Bruay", ville sur l'eau
D'après toutes les origines étymologiques plausibles ("Brug-Bruch" en teuton ou "Bridge" en anglais qui signifient "pont", "Broeck" en flamand qui signifie " marais "... ), "Bruay" veut dire "la ville sur l'eau", comme Bruges ou Bruxelles en Belgique. La ville est en effet traversée par la Lawe et son peuplement s'est fait jusqu'au XIXème siècle au bord de la rivière.
Du Xe au XIXe siècle
Un village à la vie relativement tranquille, au fil de l'eau...
Bruay était au Xème siècle un territoire dépendant du château et des seigneurs de Béthune.
Dès le XIème siècle apparaît dans les archives l'existence d'une famille influente de seigneurs nommée les "de Bruay". L'un d'entre eux, Ancel de Bruay, fut notamment écuyer de la Comtesse Mahaut d'Artois au XIVème siècle.
L'histoire des anciens seigneurs du village qui ont précédé Guy Guilbaut avant le XV ème siècle, exception faite des seigneurs de Béthune, n'est pas connue. L'ancienne forteresse qui avait soutenu de nombreux sièges a été détruite probablement par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans.
On peut estimer que le village est resté un demi-siècle au moins dans le désordre le plus complet. Cependant il était propre à devenir d'un moment à l'autre l'apanage de quelque riche et nouvel anobli en quête de Domaine.
C'est ce qui se produisit précisément au mois janvier 1430. Guy Guilbaut acheta quatre fiefs "sis au territoire de Bruay". Philippe le Bon, par lettre datée de Gand en janvier 1430, les réunit en un seul fief au profit de Guy Guilbaut.
Celui-ci devint alors le véritable et seul suzerain de notre village. Il fit construire le "château de Bruay" entre les deux bras de la rivière "la lawe". Le terrain n'offrant pas de résistance suffisante, le château est construit sur pilotis et sur cuir. L'espace occupé par le château est un vaste carré de cent mètres de côté environ, les dimensions étaient donc imposantes. Construit suivant la coutume de l'époque, le château comprenait 12 tours (12 mois de l'année) de 85 marches, 52 portes (52 semaines), 365 fenêtres (365 jours) de 24 carreaux (24 heures).
Si la forteresse eut à se défendre contre toutes sortes d'assaillants, le château que fit construire Guy Guilbaut n'eut pas meilleur destin. Il fut maintes fois démoli et rebâti. Il ne reste aujourd'hui aucun vestige de cette époque, si ce n'est une tour de l'ancienne ferme du château que l'on appelle "la Tour de Lambres".
Aux alentours des XIII et XIV ème siècle, le village de Bruay se développe presque uniquement sur les bords de la rivière et les habitants se consacrent essentiellement à la culture. Pour preuve, les pâturages sont peu nombreux (par déduction, on sait donc que l'espace est réservé aux cultures) et il existe plusieurs moulins.
Au XVII ème siècle, l'agglomération ne s'est toujours pas beaucoup développée. Presque exclusivement construite sur la rive gauche de la Lawe, elle ne compte que quelques maisons isolées sur l'autre rive.
Bruay n'est qu'un petit village sans grande histoire et il le demeurera jusqu'à la fin du XIXeme s. Les habitants vivent d'un peu d'élevage, de la culture du lin, du blé et des plantes oléagineuses comme l'atteste l'existence de plusieurs tisserands et d'au moins deux moulins, l'un pour moudre le blé, l'autre pour tordre l'huile.
Reconstituer le village du XIIIème s. est chose aisée puisque l'on se trouve en présence d'une population fortement groupée.
En fait, nous avons le château, les moulins et quelques rares maisons dans les îles (les îles sont constituées par la Lawe - l'une offrant un moyen de défense naturel pour le château et ses occupants, l'autre étant occupée par les terres à labour et des prairies agrémentées de quelques maisons et du moulin à tordre l’huile).
Le village est situé au nord de la rivière tandis qu'une partie moins importante se trouve sur la rive droite. Le haut des versants et les plateaux, quant à eux, sont inhabités. Ce mode de groupement peut s'expliquer par les conditions naturelles, étant donné que les habitants se sont installés à proximité du point d'eau que constituait la rivière. C'est en fait la rivière qui a fait naître le village.
Mais si la rivière attire, on craint néanmoins ses débordements. La population se groupe donc au bas des versants hors de portée des eaux mais suffisamment bas pour n'avoir à creuser que quelques puits peu profonds.
Beaucoup de propriétaires exploitent directement leurs terres et ceux qui ne le font pas les louent à des ouvriers ou des fermiers.
A cette époque, Bruay possède une confrérie, la Confrérie du Rosaire ainsi qu'une table de pauvreté, sorte de bureau de bienfaisance.
Au XVIII ème siècle, les professions agricoles prédominent mais les artisans sont également bien présents. Par ailleurs, on trouve l'existence d'une petite industrie textile liée sans doute à l'élevage du mouton et à la culture du lin. Bien entendu, tout cela peut expliquer le nombre de tisserands relativement élevé. Enfin, citons l'existence d'une autre industrie, la papeterie.
C'est la richesse du sous-sol, l'exploitation du gisement minier qui en quelques 80 années ont fait de ce petit bourg agricole une ville active et industrieuse et ce à partir du milieu du XIX ème siècle.