J'aime absolument tout à la montagne mais si l'on me demandait ce qui me fascine vraiment, sans hésiter, je vous dirais:
1. Les chaussures de skis. Surtout la première fois où je les ai chaussées. Je peinais, je peinais pour remonter du sentier vers la piste, les skis tantôt en X, tantôt en V, tantôt en T sur l'épaule, mais jamais droits en U comme il se doit... Les copains arrivés tout là haut depuis belle lurette impatients de me faire découvrir les joies du ski, m'encourageaient et m'exhortaient à passer la seconde. Lorsque j'arrivai enfin à leur portée, j'eus l'impression que ces chaussures de torture avaient découpé mes petits petons à la hache. Claudine, magnanime et à la motivation inébranlable à mon égard (elle déchantera...) regarda fixement mes pieds d'un air incrédule, s'approcha pour matérialiser l'impensable et comprit tout.
Je les avais juste chaussées à l'envers, à savoir chaussure droit au pied gauche et vice-versa. Ce qui, détail amusant d'après la galerie de portraits hilares devant moi qui se roulaient de rire dans la neige, Claudine n'ayant pas pu garder l'information pour elle seule, forcément, on peut comprendre... trop envie de partager un si rare moment de rigolade, plaçait les crochets ou clips de serrage à l'intérieur du coup de pied, et expliquait mieux ma démarche de pingouin trainant un piège à loup. Les skis, je les choisis les plus freinant possible, 'oui, ces vieux là qu'on a pas eu le temps de farter et dont personne ne veut me conviennent tout à fait, merci.'
2. Le télésiège.
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, le télésiège me fait complètement flipper. Déjà que je ne supporte aucun des manèges à la foire de Lille... Je hurle de trouille dans des voiturettes avec tout petits virages à cause du bruit de ferraille qui me tétanise et rentre mes ongles dans les bras de mon voisin (plus jamais). J'interdis au petit Rémi de 6 ans de tirer sur la manette des petits avions pour le faire décoller parce que c'est dangereux et surtout parce que je suis assise à côté de lui et que j'ai peur, et que 'c'est comme ça et que non on ne tire pas sur ce manche et puis c'est tout, y'a rien à comprendre, on reste assis et on tourne... en bas... (pauvre petit Rémi qui pensait s'éclater et enviait son frère Guillaume, lequel faisait décollages et atterrissages en non stop devant lui...) Et ce débile de forain qu'avait rien pigé de ma panique (faut dire qu'il n'aurait même pas pu la soupçonner de la part d'une grande bécasse comme moi). Avoir peur à bord d'un avion à 18 ans... avion conçu pour des mômes de six ans... J'ai eu un mal fou à caser mes genoux, d'ailleurs. Non, il avait rien deviné, forcément, et à notre descente il était même prêt à nous offrir un tour gratuit à cause du manche défaillant... raisonnement que je n'ai pas osé démentir. Pauvre petit Rémi. Bon allez, un tour tout seul comme un grand, sans cette grande névrosée qui gâcherait les plus grands plaisirs.
Petit Rémi s'est éclaté. Sans moi. Plus jamais.
On comprend mieux après cet interlude, pourquoi j'ai cru mourir de trouille en empruntant ce télésiège dont les sièges vacillent au moindre coup de vent, dont les câbles grincent comme une porte de château hanté, et qui me faisait découvrir, non pas une vue magnifique dont tout un chacun semblait se délecter, mais une épouvantable impression de vide qui veut ma peau, quel que soit l'endroit où le regard se pose. Arrivée des jambes en castagnettes, idem pour les dents, muscles tétanisés. Chute. Messages d'encouragement divers tels que 'dégagez la piste, mais qu'est-ce qu'elle fout, l'abrutie, etc etc.' Plus jamais
3.La neige glacée et ses congères
Parce que je les ai goûtés dans le sens propre du terme. Et j'aime pas. Insipide. En cheminant vers la station sur la petite piste bleue, j'ai trouvé le moyen de prendre une vitesse sans limite malgré moi, mais pas celui de m'arrêter au virage. D'où plongeon dans la grande blanche de un mètre de haut, le nez dans la neige, tête première. Ensevelie. Exactement ça mais en pire parce que la tête et le corps recouverts complètement, voyez.... On m'a repérée dix minutes plus tard grâce à mes skis qui dépassaient de la mer de glace et appelaient au secours en s'agitant frénétiquement. Si si on peut parler avec ses pieds ! Si j'avais déchaussé, j'y serais peut-être encore. Congelée. Plus jamais.
4. Le chasse-neige
Je suis une pro du chasse-neige. Connais rien d'autre comme mouvement. D'où la difficulté. Surtout en pente raide où la ligne droite des spatules ou le grand écart facial est préconisé (très casse-gueule houlàààà !) D'où aussi la fatigue musculaire, car comme je déteste en plus la vitesse au-delà de 1km/h, je panique donc je skie en grand écart, position très élégante de surcroît et hyper casse-gueule pour les adducteurs aussi. Une demi-journée de ski, deux jours à s'en remettre avant de remarcher droit. Pour le steam, je le réussis. A l'arrêt seulement. Ce qui ne présente aucun intérêt, vous en conviendrez. Donc plus jamais.
5.Les beaux moniteurs.
Sauf que mon premier m'a traumatisée. Il avait 60 balais, des poils noirs congelés émergeant du nez couleur vin chaud, et surtout aucune psychologie. Après m'avoir observée en chasse-neige- freinant- grand-écart facial, a détecté un 'fameux problème d'équilibre...'
Connard. Il déchausserait pas un peu du cerveau lui avec son ventre à tartiflettes? Bon, allez vexée mais réaliste.
Voilà , en gros, les raisons qui me poussent à me demander tous les ans ce que je fous là.
Ce que je fous là , Je savoure l'enthousiasme de mes deux hommes après leur journée éreintante, je revois mes amis d'enfance autour d'un bon repas à la veillée, je me balader sans skis, à pied avec mon chien (lequel traque la marmotte endormie sans relâche et truffe congelée) dans cette nature à tomber, je fête 'nouvel an' trop sympa chez les amis, la fête, le champagne, les jeunes qui dansent tellement bien à nos côtés, le plaisir des yeux, du ventre et surtout du cœur.
Pour tout ça, on peut quand même dire que j'aime le ski... des autres
Je voulais vous faire partager un ancien texte qui j'espère vous fera rire...
Bisous les fillotes n'hésitez pas à me raconter vos exploits drôles sportifs, je suis preneuse ! Bisouilles les crapouilles !