Cet été, de nombreux clashs sont intervenus dans notre groupe. Nous sommes environ 5 à 6 couples et nous nous retrouvons tous les ans. Et puis cette année, de la mauvaise humeur est venue envahir ce terrain plutôt sain...
Un de mes amis a fait une juste remarque...Vous les filles, il faut toujours que tout le monde vous aime... Il a dit tout haut ce que je pensais tout bas. Moi aussi j'étais comme ça avant, et puis j'ai appris à travers de larges lectures que l'on ne peut aimer tout le monde et être aimé de tout le monde. J'ai changé...
Alors pour toutes celles ou tout ceux qui ne sont pas sortis de cette spirale, je vous transmets cet article que j'ai lu aujourd'hui... A bon entendeur !
Je veux être aimé, faire plaisir, et je m'oublie…
Ce type de fonctionnement psychologique où l'on fait toujours passer l'autre avant soi est très répandu. Les psychologues le qualifient parfois d'assujettissement. Certaines victimes en sont parfaitement conscientes et d'autres beaucoup moins. Quand vous faites passer les besoins des autres avant les vôtres, vous vous mettez en danger psychique. Parce que vos besoins restent en arrière-plan, ne sont jamais satisfaits et que cela vous empêche d'être heureux…
L'assujettissement empêche d'être heureux
Lucie est souriante, agréable, appréciée des autres. C'est le genre de personne toujours disponible et prête à vous rendre service… parfois avant même que vous l'ayez sollicitée. Elle est d'ailleurs étudiante en psychologie car elle s'intéresse énormément à ce que pensent, ce que ressentent les autres. Elle est donc ouverte aux échanges et empathique et deviendra certainement une excellente psychologue.
Mais Lucie vit en couple avec Gérard, et, alors qu'elle imaginait devenir psychologue clinicienne, pour consulter et aider les personnes en difficulté, son ami l'a incitée à s'inscrire pour devenir plutôt psychologue du travail. ' Il y a plus de débouchés, c'est mieux payé ' lui a-t-il expliqué. Lucie pourtant pas très enthousiaste a suivi son avis, non parce qu'il l'a convaincue, mais parce que, dans le fond, elle a peur de lui déplaire. ' Après tout, quand on est en couple, les décisions se prennent à deux non ? ' estime Lucie pour se convaincre d'avoir fait le bon choix.
Lucie aurait préféré faire des études de médecine pour devenir psychiatre, mais ses parents l'ont découragée ' Pour une femme, c'est trop long, trop difficile… ' Et Lucie n'a pas osé les contredire.
Dans un autre domaine, Lucie aime les vêtements un peu extravagants, les couleurs vives. Mais Gérard la freine, lui expliquant qu'il la trouve ridicule et voyante, alors, elle a fini par s'habiller dans des couleurs noires, grises ou chocolat pour ne pas s'attirer de remarques désobligeantes. Elle agit ainsi, mais souvent, elle se sent en colère intérieure contre lui.
Lucie se laisse assujettir. La réalité, c'est que son compagnon donne son avis, ses parents aussi, mais ils pourraient parfaitement accepter que Lucie réponde ' Tu penses ainsi, mais moi, je pense autrement. Les études de médecine, cela me convient très bien, les couleurs vives, ça me met de bonne humeur… ' et son entourage la laisserait facilement vivre sa vie comme elle l'entend.
Le type de fonctionnement qui guide Lucie vient dans le fond d'une peur de ne pas être aimée, acceptée. C'est ce que ressentent souvent les personnes qui vivent sur ce schéma de pensée. Elles ont le sentiment que si elles contredisent quelqu'un, si elles ne sont pas gentilles, on ne les aimera plus, elles seront délaissées. Le moteur de ce fonctionnement peut aussi être le fait de vouloir empêcher les autres de souffrir. Elles croient que si elles agissent mal envers les autres, elles entraîneront des souffrances dont elles se sentiront responsables.
Alors, ces personnes ressentent des obligations envers les autres, obligations qu'elles se fixent elles-mêmes.
Parfois, on peut avoir conscience de fonctionner ainsi, se dire ' mais pourquoi j'écoute toujours les autres ? Pourquoi je me sens obligé d'être exagérément serviable ? Pourquoi je m'oublie alors que je suis toujours là pour les autres ? Pourquoi je n'arrive pas à m'affirmer ? ' Mais assez souvent, ce genre de personne n'a pas conscience d'être assujettie aux autres. Elle est tellement habituée à fonctionner avec une sorte de morale altruiste qui lui dit ' Les autres comptent beaucoup, plus que toi. Il faut toujours penser aux autres avant de penser à toi… ' que cela devient une deuxième nature.
Cette personne a l'impression qu'il est normal de fonctionner ainsi et ne réalise pas qu'elle se limite, s'empêche de vivre sa vraie vie.
Un indice indique que vous fonctionnez ainsi, c'est la colère intérieure : à force de penser aux autres, vous oubliez vos propres besoins. Et du coup, vous êtes irrité envers les autres. Vous leur en voulez de vous empêcher de vivre comme vous en rêveriez. Le problème, c'est que cette colère, c'est un appel au secours de votre âme. Elle vous dit que vous vous faites toujours passer en dernier et que si ça continue, jamais vous ne vivrez votre vie, jamais vous ne chercherez à réaliser vos rêves, votre vocation… puisque les autres passent avant tout. Et c'est une grande souffrance. Cette colère peut exister sous forme de rancœur. Vous êtes généreux, mais vous donnez à contrecœur, en vous sentant obligé. C'est normal, puisqu'on ne donne avec le sourire que lorsque l'on est soi-même comblé ou au moins épanoui.
Comme vous ne voulez pas faire de mal aux autres, si vous éprouvez de la rancœur ou de la colère, vous ne la manifestez pas ouvertement, de peur de blesser ou de faire du mal. Vous pouvez vous venger plutôt de manière passive, en oubliant de rendre un service que vous aviez promis, en réalisant une tâche de travers… Vous faites de la résistance passive quand vous vous sentez utilisé. Le problème, c'est que ce message n'est pas clair et que l'autre ne comprend pas forcément ce qui sous-tend votre attitude.
Au fil du temps, vous accumulez cette colère, cette rancœur et vous pouvez vous fâcher tout à coup : démissionner de votre emploi, rompre avec votre meilleur ami, décider de ne plus voir vos parents… Et les autres comprennent mal ce qui vous arrive tout à coup, ne comprenant pas qu'il s'agit d'une goutte d'eau qui a fait déborder le vase !
Comment sortir de ce fonctionnement quand on y est enlisé ?
Le premier pas, c'est d'en avoir conscience. En effet, la majorité des personnes souffrant de ce fonctionnement se sentent mal sans trop savoir cerner d'où vient leur malaise…
(à suivre…)
À lire
' Je réinvente ma vie, vous valez mieux que vous ne pensez ' de Jeffrey E. Tougn et Janet S. Klosko aux Editions de l'homme. Un livre très construit. Il traite des schémas de fonctionnement qui sous-tendent notre manière de vivre et de la manière de les modifier pour trouver chacun son harmonie.
25/08/2008
Dr Catherine Solano