Vendredi 14 mars 17 heures : Trois semaines avant l’accouchement, je rentre allègrement à pied de la banque après avoir souhaité un bon week-end à mes collègues et je me tape comme tous les jours 4 kilomètres à pied. Le matin je prends le bus, question d’arriver à temps !
J’habite chez ma belle-mère, ma grand-mère ayant gentiment proposé de nous faire un petit nid douillet au deuxième étage, mais bonjour les escaliers !
Je vais dormir de bonne heure, mon mari également. Mon beau-frère qui est à l’université en dernière année n’est toujours pas rentré, car il a une réception chez un de ses amis qui a terminé son stage de médecine.
Vers deux heures du matin, je me réveille..J’ai mal au dos et j’ai mal au ventre.
Je descends pour aller aux toilettes et je vois mon beau-frère assis à table derrière son journal grand ouvert et ronflant comme un sonneur de cloches !
Je suis mal prise…Avoir la diahrée et ça trois semaines avant mon accouchement…Ca ne pouvait pas arriver une autre fois ?
Je passerai et repasserai devant mon beau-frère une dizaine de fois – les toilettes sont dans la veranda, il y fait froid et moi j’en ai marre !
Vers quatre heures je trouve ce mal de dos quand même un peu bizarre, surtout que ca vient et que ca part.
Je demande à mon mari de chronometrer, il chronomètre et toutes les 5 minutes j’ai comme une sacrée crampe qui m’empeche de dormir. Je me mets sur les genoux pour que ca fasse moins mal !
Vers 5 heures je me lève et floup…une toute petite boule de je ne sais quoi tombe par terre… Je me demande ce que c’est et je prends mon livre “le livre de la grossesse en 9 mois “ Mon mari et moi on lit, on lit…et on se rend compte que …aie…c’est ça, la diahrée et le mal de dos…ce sont des contractions…Ah bonnnnn ????
Mon mari s’habille en coup de vent et va téléphoner (on n’a pas le téléphone) chez un voisin.
Ma belle-mère est toute affairée – mon beau-frère ronfle toujours derrière son journal…
Le taxi tarde à venir…Je suis habillée, ma valise à la main, sur le pas de la porte et j’ai des contractions toutes les minutes… Je dis à tout le monde que si ce maudit taxi n’arrive pas, j’y vais à pied (5 kilomètres)…
Enfin, il arrive…Le bonhomme comprend la situation, il se dépêche car il ne veut pas d’accouchement dans son taxi…Je lui demande de me conduire chez mon médecin traitant. Je dois vous dire que j’avais un tres bon médecin, mais qui n’était pas souvent à la maison,donc je veux m’assurer qu’il est bien là et qu’il va s’occuper de moi !
Le médecin vient ouvrir en pyjama. Il est vert..Aie, il était à la même réception que mon beau-frère…! Il va prendre une petite pilule miracle et le voilà tout blanc !
Il me fait “un toucher” et brise mes eaux…C’est malin…Il me met une serviette entre les jambes, me fait monter dans sa voiture et se dépêche pour arriver à la clinique…
On descend de la voiture, le médecin en tête qui dit bonjour à toutes les infirmières, le charmeur, et crie “c’est pressé, c’est pressé” derrière lui, je cours en tenant mon ventre, je rigole de la situation et j’essaie de suivre… en dernière ligne, un portier claudiquant qui porte ma valise et qui n’arrive pas à suivre !
Entre-temps mon mari m’inscrit à l’accueil et moi je me dirige vers la salle de travail !
Je demande : Est-ce que je dois mettre ma chemise de nuit, est-ce que je dois rester en robe ? L’infirmière dit que je dois surtout me calmer…Je lui dis : facile à dire, je suis en train d’accoucher…
Bon, là, elle comprend. Le médecin a revêtu sa tunique des grands jours (un tablier en caoutchou) et moi j’ai réussi à mettre ma chemise de nuit…un peu plus confortable pour mettre un bébé au monde !
Il se met en position, moi aussi et il dit “allez, pousse de toutes tes forces”…Je pousse de toutes mes forces..Je pousserai trois fois de toutes mes forces, j’ai l’impression que je vais me déchirer, mais je continue à pousser malgré le fait que juste au moment où j’en ai le plus besoin, je n’ai plus de contractions…les pieds dans les étriers…quelle position pour accoucher..Je voudrais l’y voir, celui qui a inventé ça !
Tout à coup LA voilà…ma petite fille, après sa “première” fessée, se met à crier de toutes ses forces…Elle est toute petite (2 kilos 750), elle est toute rouge, elle est pleine d’entrain et elle le restera toute sa vie…
Mon mari est aux anges, je suis aux anges, le médecin est aux anges. Il me recoud sans anesthésie..je m’en fous..Que c’est gai d’accoucher… Je regarde ma fille et je suis fière comme je ne l’ai jamais été de ma vie…
Une fois dans son petit berceau, mon mari va courir son premier marathon pour aller raconter la bonne nouvelle à ma grand-mère qui habite en ville. Il va agiter son écharpe au dessus de sa tête en criant en rue et à tue-tête “c’est une fille, c’est une fille”…!
Ma belle-mère frise la crise cardiaque..j’étais partie à sept heures moins le quart de la maison et à 7 heures 15 on a téléphoné de la clinique…Elle a cru à un malheur…Mais non, c’était tout juste moi qui avais accouché en trois temps, trois mouvements
Bisous, mes ami(e)s et bonne journée :)