J’avais dix-neuf ans et j’avais abandonné mes études d’infirmière, car j’étais terrifiée à la vue de patients qui mouraient les uns après les autres, pas par ma faute, je vous rassure, mais à cause de graves maladies qui il y a quarante ans étaient plus difficiles à soigner que maintenant ! Ma grand-mère qui avait un compte à la Société Générale de Banque (même pas 1000 euros) mais bon, m’avait conseillé d’aller voir si on ne recherchait pas quelqu’un dans ce secteur !

On est avril 1967 – Je me dirige vers un haut bâtiment rigide. On ne voit rien de l’extérieur, à part une grande porte en chêne et quatre fenêtres avec des barreaux. Je me trouve devant « la Société Générale de Belgique»

J’entre d’un pas décidé.Je me retrouve dans un énorme corridor. De loin j’aperçois des personnes derrière des guichets et d’autres derrière des piles de papier. Je hais l’administration, mais il me faut un boulot, car vivre chez ma grand-mère sans ne rien faire et avec l’interdiction de faire quelque chose (ça je vous en parlerai une autre fois) c’est l’horreur !

Je ne sais pas que dénicher un boulot est difficile. Je suis confiante. Ma grand-mère a un compte dans cette banque, elle doit être très connue par les employés et  le big boss…Avez-vous remarqué que j’étais très naïve à 19 ans ?

- « Est-ce que je pourrais parler au directeur s’il vous plait ? »

Un employé me dévisage : Petit haut noir très décolleté, jupe large à fleurs, sabots en bois…Je suis « flower power » du haut en bas. L’employé plonge donc son regard dans mon décolleté et me demande « c’est pourquoi ? »

« Euhhh ... je viens voir s’il n’y a pas de travail pour moi – j’ai abandonné mes études d’inf…et blablabla…et blablabla et reblablaba…je sais faire court quand il faut ! »

L’employé me dit « Ahhh, vous venez pour LA place » ( - Ah, bon ? Il y a UNE place ? )

Une de nos employées va accoucher d’ici peu, mais vous avez dû lire que l’on demandait une employée qui sait taper à la machine – (Ca va de soi…je n’ai rien fait d’autre de toute ma vie...Gréco-Latines – pas de cours de  commerce – jamais vu une machine à écrire de près )

Entre-temps, le directeur est arrivé. C’est un homme grand, jeune et l’air taquin. Il fixe mon décolleté encore plus ostentatoirement que l’employé et dit : « Je vous prends à l’essai. Vous commencez le deux mai (ouf, le premier mai est un jour férié)…

Un mois pour apprendre à taper à la machine, c’est pas juste, les hommes ne doivent pas abîmer leurs ongles sur une machine avec des touches dures comme un coup de trique…

La première chose que je fais en rentrant à la maison est de consulter le journal local pour voir si on donne des cours de dactylo à T. et ma grand-mère qui est toute contente qu’on a embauché sa petite-fille dans la banque où reposent ses moins de mille euros, me donne de l’argent pour aller m’acheter une machine à écrire pimpant neuve !

La suite au prochain numéro

Bisous mes bloggopotes…

PS J’ai écrit ce texte en préparation à ma première grossesse (Ciliemodératrice voudrait des textes sur le sujet)…Comme vous voyez la préparation va être plutôt longue ou peut-être pas ! ;) En tout cas pas prête pour la fin de cette semaine spéciale grossesse..mais tant pis…Comme vous l’avez déjà remarqué, j’aime écrire, alors pourquoi se presser ;)