Depuis des siècles, la combinaison et les composantes du vendredi et du 13 sont symboles d'infortune. On a toujours considéré le 12 comme nombre "divin" et le 13 subséquent devenant symbole de "malédiction". En effet il y a 12 dieux dans l'Olympe antique, 12 signes du zodiaque, 12 travaux d'Hercule, 12 tribus d'Israël et 12 apôtres de Jésus. De surcroît, il y a 12 mois dans l'année, 12 heures le jour et 12 heures la nuit. LAMARTINE, ALPHONSE, 1790-1869
Rien n'est vrai, rien n'est faux ; tout est songe et mensonge.
Illusion du coeur qu'un vain espoir prolonge.
Nos seules vérités, hommes, sont nos douleurs.
Notre crime est d'être homme et de vouloir connaître.
Toutefois, le vendredi 13 n'est pas un jour d'infortune pour tout le monde. En Espagne en Grèce et en Amérique latine, c'est plutôt mardi 13 qui est jour de malchance. Chez les Italiens, c'est 17 qui est le nombre malchanceux et non 13. "Fare tredici!" ou "Faire le treize" est un slogan de la lotterie nationale. Alors, si vous trouvez le nombre 13 vous gagnez. Toutefois, on ne trouvera pas de chambre 17, ni de 17ème étage dans les hôtels, ni de siège no 17 sur les avions de la compagnie italienne Alitalia. Des millions d'Asiatiques ont peur du chiffre 4. En effet, ce chiffre dont la prononciation est identique à celle du mot "mort" tant en mandarin, en cantonais, qu'en japonais. Pour les Japonais, le nombre 4 est hanté car il se prononce "shi", et ce dernier mot signifie "la mort".
Omniprésence et tenacité de la superstition
En réalité, la superstition est un processus métaphysique aussi vieux que le monde. Elle existe depuis que l'être humain a commencé à penser, à rechercher ses origines véritables. La superstition est séculaire et tenace, et dans l'âme du civilisé, même américain, règne le sauvage, notre ancêtre commun venu d'Afrique. Et ce sauvage lui est fondamentalement superstitieux. La superstition est à la tradition ce que les axiomes, par nature indémontrables, sont aux mathématiques; tous relèvent de la métaphysique, soit le monde des affirmations non démontrées, mais non nécessairement fausses.
Dans la recherche de réponses à des préoccupations universelles, la superstition, comme le conte, le mythe ou la cosmogonie, conduit à notre insertion plus ou moins sereine dans le Temps et dans l'Espace, et bien plus, procède à l'unification ultime de ces deux derniers. À ce sujet, Henry David Thoreau notait que «Les êtres humains sont probablement plus proches de la vérité centrale par leurs superstitions que par leur science.» Tryon Edwards ajoutait que «Les superstitions sont, pour la plupart, que les ombres de grandes vérités.» Par contre, selon Martin Luther, «La superstition, l'idolâtrie et l'hypocrisie ont des salaires subtantiels, mais la vérité mendie encore.» Auparavant, Victor Hugo (1802-1885) concluait: «La vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder ... La science est asymptote de la vérité, elle l'approche sans cesse et ne la touche jamais ... La raison, c'est l'intelligence en exercice ; l'imagination c'est l'intelligence en érection ... Où le pied ne va pas, le regard peut atteindre, où le regard s'arrête, l'esprit peut continuer.»
Ainsi, le plus pur scientifique est souvent au service de la superstition. Pour preuve, l'astronaute américain Neil Armstrong ( nom à 13 lettres! ...), premier homme à fouler le sol de la Lune en date du 21 juillet 1969, avait volé en emportant soigneusement avec lui son fétiche: un ours en peluche (cf. Pierre Canavaggio, 1998). Surprenant? Non, pas vraiment. Par sa constitution, l'être humain est à la fois raison et instinct, logique et intuition, et c'est tant mieux ainsi. Un demi cerveau ne vaut rien. Devant les mystères cosmiques, l'hémisphère gauche du cerveau, rationnel et logique, flirtera toujours avec son hémisphère droit, instinctif et superstitieux; et ce dernier comble nos "vides" et nos questions sans réponses.
Quoi qu'il en soit, les folkloristes s'entendent pour dire que la peur du nombre 13 est la superstition la plus répandue dans la culture occidentale. Ingénieurs et architectes alimentent la superstition : avec des gratte-ciel, des hôtels et des ascenseurs sans 13ème étage, et avec des avions sans siège no 13. Le cadastre municipal enregistre rarement des rues ou des maisons portant le no 13, ce dernier étant remplacé soit par 12B ou soit directement par 14.
Parmi les paraskevidekatriaphobes célèbres, il y a l'écrivain Stephen King et la famille Reagan. La phobie de certains nombres (13, 666, etc.) est omniprésente partout, sans distinction de classes sociales. Et pour preuve, l'ancien président américain Reagan possedait un ranch dont le numéro civique était 666 St. Cloud Road. En 1989, pour éviter malheur, son épouse Nancy Reagan fit changer le numéro 666 pour le 668. Par ailleurs, notons que le nom du président, Ronald Wilson Reagan, possède 6 lettres à chacune de ses trois composantes, donnant par concaténation la séquence 666 !...
Pour l'État comme pour l'Église, il semblerait opportun de maintenir le peuple dans la peur et des interdits sordides. Peut-être croit-on que si le monde n'a plus peur du diable et de l'enfer [ces inventions pragmatiques], on en perdra le contrôle des âmes et des esprit, et alors règneront le péché et le crime.