La lumière, les couleurs, les paysages, l’eau… tout fait de Belle-Île en Mer un lieu hors du commun rythmé par les saisons et les multiples activités proposées sur place. Passant de 5000 habitants l’hiver à plus de 40 000 l’été, il est facile d’imaginer la différence de rythme que connaît l'île entre les périodes allant de juin à septembre et d'octobre à mai. Terre agricole et marine, touristique et culturelle, la deuxième plus grand île de France possède bien des trésors!
Vue du phare
On ne va pas à Belle-Île par hasard. Il ne s'agit pas d'un lieu de passage. Au départ de Quiberon, Lorient ou encore de Loire-Atlantique, les bateaux qui assurent la liaison pour Le Palais ou Sauzon entrent dans le port en faisant sonner leur corne de brume qui peut s‘entendre à plusieurs kilomètres. Certains privilégiés arriveront en avion, l’aérodrome pouvant accueillir de nombreux petits coucous - privés pour la plupart. Camping, chambre d’hôte, gîte ou hôtel: le choix d'hébergement est vaste, que vous souhaitiez être dans les terres, au port de Sauzon ou sur la côte sauvage.
En voiture, en scooter, en vélo ou encore à pied, les 20 km de long et les 7 km de large de l'île se parcourent facilement, de nombreux circuits étant à votre disposition. L’indispensable : la carte de l’île. Sans elle, vous risquez de visiter plusieurs fois les même villages sans trouver ce que vous vouliez. L’accès à certaines plage nécessite parfois d’être initié. On pourrait même soupçonner une volonté cachée d’indiquer les lieux de manière succincte, histoire d'en limiter l’affluence!
Par le bateau, vous pouvez faire passer votre véhicule, renseignez-vous sur les tarifs et les places disponibles. En été, il peut vous arriver d'arriver avec votre voiture sans problème, mais de ne pas pouvoir la ré-embarquer avant plusieurs semaines! Un séjour à Belle-Île, cela se prépare un minimum!
Une vie de saisonnier
Au mois d’avril, les portes s’ouvrent, les bars et les restaurants ressortent leur mobilier et recrutent. Faire une saison à Belle-Île, comme partout, n’est pas de tout repos, mais les conditions peuvent faciliter la tâche. Barman, vendeur de glaces, pompiste, gardien de phare, steward sur les bateaux ou encore facteur…, la liste des métiers accessibles est longue! Pour un ou six mois, celui ou celle qui veut « bosser » trouvera une place. Il faut rester à l’affût, car les jobs de saisonnier sont rythmés par un turn-over fort, et les places se remplissent aussi vite qu’elles se libèrent. Le bouche à oreille fait souvent office de pôle-emploi. Les annonces en mairie offrent aussi des opportunités sérieuses.
Un lieu hors du commun
Peintres, écrivains, réalisateurs ou encore chanteurs ont immortalisé les lieux. Attention, qui se met à chanter le fameux tube de Laurent Voulzy s’expose aux regards agacés des Belle-Ilois ! Sarah Bernard, Arletty, Monet… Ces noms sont commun ici et s’accrochent parfois au début d’une rue, donnant des adresses plus poétiques. Il suffit d’une marche le long de la côte sauvage pour comprendre la mesure et l’ampleur de l’endroit. Le sentier côtier permet de parcourir les 100 km de côtes au plus près des embruns. Le matin et la fin de journée offrent les plus belles couleurs pour votre album photos.
Illustre inconnu ou star renommée, promenez-vous sans gêne, le star-system n’est pas au goût du jour ici. Loin de l’esprit de la Côte d’Azur, des insulaires nous racontent comment notre Johnny national peut faire ici son marcher sans être pris en photo entre le poissonnier et la marchande de bijoux !
Pour ceux qui veulent rester incognito, l’île possède un parc hôtelier qui permet d’accueillir discrètement people et autres grands patrons. Mais ici, on peut ranger sa grosse tête.
Sortir, oui mais...
Durant l’été, les jours de la semaine se mélangent. Des mercredis piétons (le port n’est plus accessible aux voitures) du Palais à la Fête du port de Sauzon en passant par le festival Belle-Ile-On-Air ou Lyrique-en-Mer, les vacanciers trouveront de quoi occuper leur méninges et leurs yeux. Si vous aimez la vie nocturne, il faudra prendre votre mal en patience…
La dernière boîte de nuit a fermé ses portes il y a trois ans, et les derniers bars ferment à deux heures du matin. Alors on traîne sur le quai... Les plaisanciers doivent apprécier! « Tu fais quoi? » « Tu vas où? On va chez moi si vous voulez… » ou alors une dernière solution : les sounds systems organisés de façon « off », du moins sans autorisation aucune mais avec une certaine tolérance. Alors la gendarmerie vient faire un tour. « Qui est l’organisateur? » Et chacun leur tour, les organisateurs endossent les responsabilités. Grâce à eux, des centaines de personnes (jeunes en général) se retrouvent pour danser et faire la fête en plein air, ce qui semble-t-il arrange tout de même bien les autorités.Cependant, le site de Bordadoué a été frappé cet été d’un arrêté préfectoral. Les voisins ont su faire entendre leur voix, à tel point que le préfet s’est rendu lui -même à Belle-Île pour tenter de trouver une solution, les mairies ne semblant pas proposer de réponse.
Une animation à laquelle il n’est pas difficile d’assister en fin de soirée : la bagarre! Des Bellilois de longue date vous diront : « Celle là, c’est rien! T’aurais vu il y a 30 ans! ». Cela ne date donc pas d’hier. « Le Télégramme » ou « Ouest-France » ont pu en rendre compte plusieurs fois encore cet été, les rixes sont monnaie courante! Deux jeunes saisonniers ont dû quitter l’île courant août à la suite d'une agression à caractère raciste, la fin août a vu la rue Joseph Le Brix devenir le théâtre d’une « rixe » réunissant une cinquantaine de Belle-Îlois et les sorties de bar offrent souvent un spectacle où deux trois cogneurs avinés et sans grande fierté créent une bien triste animation.
L’hiver
Début septembre, l’île se vide à vitesse grand V. Si septembre offre toujours de beaux jours, la rentrée est faite et l’on voit de nouveaux touristes prendre possession des lieux. Marcheurs nordiques, bâtons de ski à la main font sourire les locaux. Puis les visiteurs d’un jour repartent tous un sac de gâteaux locaux (très bons ceci dit!) à la main, une douzaine de galettes dans l’autre.
Viennent ensuite le froid et l’humidité, le vent emporte les vagues au-dessus des phares et des falaises, le spectacle est encore plus fort! La purée de pois à travers laquelle il est difficile de voir l’autre bout du port s’installe jusque tard dans la journée. Les pêcheurs savent s’y retrouver, ça ne s’invente pas. On croise alors toujours les mêmes visages, on se salue, on discute mais vous savez déjà ce que l’on vous raconte parce qu’on vous l’a déjà dit!
La vie sur une île est toujours particulière, Belle-Île en Mer ne déroge pas à la règle. Elle dégage une force rare, une énergie indomptable et une lumière unique. Prenez le temps de passer un séjour ici. En période estivale ou en saison basse, Enez Ar Gerveur (son nom breton) vous ouvrira ses bras, les Belle-Îlois sauront faire partager leur île à qui saura se soumettre à la beauté et à la force dégagées par « la bien nommée ».
Article rédigé en Septembre 2010, après un séjour plus que mémorable à Belle-Île en Mer. Et vous? Vous-y aller quand?