Bon bref rappel, mon frère est actuellement en Guyane (il est gendarme mobile) je vous fais partager graçe à son mail sa vie là-bas (pour celles qui n'ont pas lues la première partie, vous la trouverez en article N°54

Bonjour à tous.
Un petit bonjour de Camopi ou tout va bien, on est dans la deuxième
partie du déplacement avec un retour aux alentours du 23 octobre en
France, mais pas de date officielle connue à ce jour. Les missions en
foret se suivent, je rentre juste avant-hier d'une et je repars le 15
pour 09 jours. A cette vitesse, le déplacement passe assez vite.
Bon je vais vous parler comme prévu de la vie amère-indienne à Camopi.
Camopi se situe sur la rive gauche d'un fleuve qui se nomme l'Oyapoque.
Ce fleuve est une frontière naturelle entre la Guyane et le Brésil. Un
deuxième fleuve (la Camopi) s'enfonce dans les terres guyanaises. Camopi
se situe à 1h00 d'avion de Cayenne et à cinq heures de pirogue de St
Georges (le village guyanais le plus proche de Camopi.) Bien entendu,
ici il n'y a aucune route et encore moins de voiture. Tous les
déplacements et l’approvisionnement se font soit par avion soit par
pirogue. On est dans un parc amère-indien qui est une réserve naturelle, et d'ailleurs ici pour y venir, il faut une autorisation délivrée par le
Préfet. J'ai la chance de faire ce déplacement car qui peut dire
aujourd'hui au 21ème siècle qu'il a la chance de voir des indiens dans
leurs vie de tous les jours, et quand je dis que ce sont des indiens,
c'est vraiment la vérité. Dommage, que ma petite famille ne puisse
partager ces moments là avec moi. C'est la dure loi de la vie. Revenons
à nos moutons. A Camopi, il y a environ 600 habitants qui sont réunis à
Camopi même et le long du fleuve la Camopi. A Camopi, pas d’électricité "courante", seulement un groupe qui fonctionne de 09 heures à 22h00.
Nous avions quand-même l'eau courante (que froide bien-sur) pour les
plus chanceux. Une petite épicerie est implantée dans le village avec
des prix défiant toute concurrence. A titre d'exemple une bouteille de
ricard coute ici 30 euros, deux fois plus chère que chez nous. Désolé,
mais je ne peux comparer que ce dont je connais les prix chez nous, et
je ne sais pas combien coute un paquet de pâte ou une savonnette. Il y a également un dispensaire, une mairie avec une poste, une école primaire et depuis l'année dernière un collège. Auparavant les collégiens partaient la semaine à St Georges dans une famille d'accueil, je vous le rappelle à cinq heures de pirogue (allé) de Camopi. Les gens vivent ici par tribu et même si ce sont tous des indiens, ils restent en tribu. A camopi même, une tribu y séjourne (la plus nombreuse) et une multitude de petites tribus séjournent le long de la Camopi, sans eau courante et sans électricité. Certains chanceux ont un groupe, mais souvent pas d'essence à mettre dedans. Ils logent dans des carbets non fermés sur les cotés, ne possédant qu'un toit fait en bâche, et dorment dans des Hamacs, car bien-sur il n'y a pas de lits. La vie quotidienne est rythmée par la pêche, la chasse, le fleuve. Ici les gens s'y baignent, s'y lavent, s'en serve pour faire à manger, et enfin la boive. Ici on ne peut survivre si l'on est pas implanté le long d'une crique. Il n'est pas rare de voir des enfants de 5 ans à trois sur le fleuve à bord d'un canoë. Je pense que beaucoup de mamans de chez nous s'arracheraient les cheveux en voyant cela. Ils ont encore de vieilles traditions tel que le calimbé, c'est leur tenue traditionnelle de tous les jours. Bien-sur les femmes ont les seins à l'air, et pour tous les amèresindiens la poitrine n'est pas quelque-chose de sexuel, mais cela sert simplement à nourrir leurs enfants. Bien-sur les plus jeunes «s’européanise » avec des shorts, des t-shirts et des casquettes. Cela ne concerne que la tranche d'âge des 10 -15 ans. Ici ils ne cultivent que le manioc et ils en font d'ailleurs de l'alcool en le faisant fermenté, ce que l'on appelle le caché ri. Ce n'est vraiment pas terrible, mais ils en boivent des pleins sauts. Sinon le manioc reste la base de leur nourriture. Bien sur ils touchent tous le RMI, et en dépense la moitié le premier jour en picolant jusqu'à plus soif de la bière de l'épicerie ou du Brésil en face. A ce propos, un petit village se situe de l'autre coté du fleuve et se nomme "villa brasil". C'est à 30 secondes de pirogue, et nous traversons quelquefois pour y faire des courses car il y a 5 ou 6
petits "bouibouis" pour y faire des achats. Bien sur ce sont
d'excellents chasseurs et pêcheurs, eux arrivent à voir des choses dans
les arbres que nous ne voyons jamais.
Un dernier petit mot pour parler des jouets des enfants, ici pas de vélo
ni jouets, juste des bidons d'essence coupé en deux avec une ficelle
pour en faire une voiture (sans roues bien-sur). Ils font également des
cerfs-volants avec des bouts de sacs poubelle et en plus ils volent. Et
quand je pense que Théo et Hugo me disent certaines fois " on s'ennuie, on n'a rien pour jouer". Voilà à peu près tout sur la vie de Camopi, si ce n'est que nous sommes logés dans deux carbets qui sont fermés sur les cotés et avec un toit en tôle, ce n'est vraiment pas terrible pour faire la sieste entre 12 et 15h00 sous 40°C, sans clim bien sur et à titre d'exemple, la semaine dernière, je fais une lessive. J'attends 09
heures, l'électricité, et là une fois l'électricité là, plus d'eau.
Coupure toute la matinée. A 13h00, l'eau revient, et à 13h30, plus
d'électricité (mais que fait l'EDF!!!). A 17h00 j'ai fini par prendre
mon linge, je suis allé à la brigade pour la machine, car heureusement
la brigade dispose d'un groupe électrogène. Eh oui c'est ça la vie à
Camopi, toujours pleine de surprises.
Sur ce, j'espère que ces petites nouvelles vous ont fait plaisir, que
tout le monde va bien, et à très bientôt autour d'un Picon (qui fait
cruellement défaut ici, car à Camopi on ne trouve que des
Amères.......................................................indiens.)
Fabien.
