Le diabète de type 2, c'est quoi exactement ?
Le mot diabète évoque une panoplie de choses fort peu sympathiques : privation de sucre, mesure quotidienne de la glycémie, piqûres d'insuline… Mais le diabète de type 2 est rarement fidèle à ce cliché, du moins au départ.
"On parle de diabète dès lors que le taux de sucre dans le sang atteint ou dépasse 1,26 g/L, à jeun, explique Marc Popelier, médecin spécialiste en diabétologie. Ce chiffre correspond au seuil à partir duquel il y a des risques de complications au niveau de la rétine."
L'ennui, c'est qu'à ce stade, le diabète est souvent asymptomatique. Il faut attendre que le taux de sucre, ou glycémie, atteigne 2 g/L pour voir les premiers signes apparaître et cela signifie alors que le diabète est déjà bien avancé. Contrairement au diabète de type 1, qui apparaît souvent de façon spectaculaire, celui de type 2 est plutôt rampant. C'est que le mécanisme est différent. Dans le premier cas, qui ne concerne que 10 % des malades, les cellules du pancréas qui produisent l'insuline se détruisent peu à peu. Or l'insuline permet au sucre d'être utilisé par les cellules pour fonctionner. Sans cette hormone, le sucre reste donc dans le sang, d'où le taux élevé. Simple et direct.
Facteur héréditaire :
A l'inverse, plusieurs facteurs interviennent dans le diabète de type 2, également connu sous le nom de diabète gras. Le foie se met à fabriquer trop de sucre pour que tout puisse être assimilé et utilisé par les muscles. Du coup, le pancréas ne parvient pas à produire assez d'insuline pour éliminer le sucre présent en excès dans le sang. Parallèlement, l'insuline devient moins efficace. "On compare souvent ce phénomène à une clé et une serrure qui fonctionneraient mal", explique le Dr Popelier. La clé c'est l'insuline, la serrure, les cellules. Pour une raison génétique encore mal connue, la clé n'est pas tout à fait adaptée à la serrure. Au début, ça passe quand même. Mais avec le vieillissement, le système s'encrasse et rouille : la clé ne parvient plus à ouvrir la serrure. " S'ensuit donc une augmentation progressive du taux de sucre dans le sang : c'est le début du diabète. Le phénomène peut être enrayé mais les pertes de capacité de l'insuline ne seront jamais restaurées.
"En France, 600 000 malades s'ignorent"
Cette forme de la maladie concerne environ 90 % des diabétiques et c'est elle qui est en pleine expansion. Aujourd'hui, 200 millions de personnes sont malades à travers le monde et certaines études estiment qu'elles seront 330 millions d'ici 2025, soit environ 6 % de la population mondiale. En France, 2 millions de personnes sont malades. On estime que 600 000 personnes seraient diabétiques en l'ignorant. Le coût du diabète, deuxième affection de longue durée après le cancer, est de 6 milliards d'euros par an.
Ce type de diabète est lié à plusieurs facteurs, dont le premier est héréditaire. "Plusieurs gènes interviennent, explique Marc Popelier. Au total, cela crée une sorte de terrain favorable au diabète mais ce n'est pas la seule cause, loin de là." Un enfant dont l'un des parents est diabétique a ainsi 30 % de risques de le devenir, 50 % si les deux parents sont atteints.
Les facteurs environnementaux jouent un rôle prépondérant. Ainsi, une majorité de patients diabétiques sont en surpoids, voire obèses. " C'est la graisse abdominale, notamment, qui est particulièrement mauvaise. Elle freine l'action de l'insuline. " La sédentar constitue également un terrain favorable au développement du diabète
S'organiser pour mieux vivre le diabète :
Malgré vos efforts, le diabète a fini par s'installer ? Pas de panique ! Aujourd'hui, bien traité, le diabète n'empêche pas de vivre une vie épanouie, même s'il impose évidemment quelques contraintes et quelques règles à respecter impérativement. "Au départ, le plus difficile consiste à accepter la maladie, constate le Dr Popelier. Chacun le prend de façon différente mais ce n'est en aucun cas facile de se faire à l'idée que l'on va devoir se soigner à vie. La meilleure attitude, à mon sens, c'est d'admettre que cela sera effectivement une contrainte et de se mettre en mode action. Mais chacun réagit comme il peut."
Etre diabétique impose de contrôler régulièrement sa glycémie.
Il est impossible de faire régresser la maladie mais on peut retarder son évolution voire l'enrayer, ce qui permet d'éviter les complications.
» Au départ, une hygiène de vie irréprochable peut suffire à stabiliser le taux de sucre dans le sang. Les règles en matière d'alimentation et de mode de vie de la phase de prévention s'appliquent de manière encore plus stricte.
» "Aujourd'hui, on a également tendance à introduire le traitement médicamenteux de plus en plus tôt dans la maladie. On a remarqué que cela pouvait avoir un effet bénéfique." Attention, traitement médicamenteux ne veut pas dire piqûres tous les jours. Non, il s'agit simplement d'avaler des comprimés. "Plusieurs familles existent, détaille Marc Popelier. Les sulfamides ont un pouvoir hypoglycémiant. La medformine régule le taux de sucre tandis que l'acarbose diminue l'absorption du sucre. De nouveaux médicaments devraient faire leur apparition en France en 2008, parmi lesquels l'incrétine, qui est administrée en comprimés ou en injections."
» La fameuse insuline n'intervient qu'en dernier recours. Et finies les piqûres à se faire tous les jours, les méthodes se sont simplifiées. Il existe aujourd'hui des stylos injecteurs, beaucoup plus simples d'utilisation et beaucoup plus faciles à transporter si l'on doit se déplacer. "Parfois, il serait préférable d'avoir recours à l'insuline plus tôt dans la maladie, mais tout cela est vraiment du cas par cas, c'est à discuter avec le patient", estime Marc Popelier.
»On souligne au passage qu'il est parfois difficile de trouver le bon dosage et que certains de ces médicaments peuvent entraîner de l'hypoglycémie, c'est-à-dire exactement l'inverse du diabète : pas assez de sucre sans le sang. Dans des cas très rares, cela peut provoquer un coma, mais il s'agit la plupart du temps d'un simple malaise qui disparaît en avalant un morceau de sucre ou une friandise (petite exception appréciable à la règle, finalement !). L'effet inverse, une hyperglycémie prononcée, peut également provoquer un coma.
» Autre désagrément de la maladie, il faudra vérifier la glycémie régulièrement. C'est une contrainte, ne le cachons pas. Mais là aussi les méthodes ont progressé. Il suffit aujourd'hui de piquer le bout du doigt pour prélever une goutte de sang, analysée par les soins du malade en quelques instants. Bien sûr, cela contraint à connaître parfaitement la maladie et la façon dont notre corps fonctionne.
» Vivre avec une maladie chronique est toujours un poids. Mais, à quelques exceptions (culinaires notamment) près, le diabète n'empêche absolument pas de vivre comme les autres. "Un diabétique peut sans aucun souci voyager, prendre l'avion, travailler, faire du sport… La vraie contrainte, c'est qu'il ne peut plus manger de façon insouciante." Attention, tout de même, certains sports tels que le parapente ou le saut en parachute ne sont pas autorisés. De même, la plongée ne peut se pratiquer que si le traitement est équilibré depuis longtemps et ne provoque pas d'hypoglycémie. Certains métiers à risque sont également interdits, pour les mêmes raisons.
» En parler ou pas, telle est la question. Là encore, la réponse ne peut être que très personnelle. "Certains patients prennent l'annonce du diabète comme celle d'un coup de vieux. Il leur est donc difficile d'en parler." Sachez quoi qu'il en soit qu'aucune obligation n'est faite d'en parler à l'employeur, dans la mesure où votre maladie ne nécessite aucun aménagement. Il est tout de même préférable de prévenir au moins un collègue, pour qu'il sache quoi faire en cas de malaise d'hypoglycémie, par exemple.
Dépistage et mode de vie plus sain :
Le meilleur moyen d'empêcher le diabète d'évoluer, c'est de le diagnostiquer le plus tôt possible. Pour ce faire, une simple prise de sang, effectuée à jeun, suffit. Elle permettra de mesurer le taux de sucre.
» L'indice normal de glycémie se situe entre 0,7 g/L et 1 g/L.
» On commence à parler de diabète à partir de 1,26 g/L.
» La plupart des symptômes liés au diabète apparaissent à partir de 2 g/L, soit en moyenne cinq ans après le début de la maladie.
Une vie plus active :
Les sports d'endurance tels que la natation sont particulièrement recommandés.
Parallèlement, adopter un mode de vie régulier et actif aide beaucoup à réduire les risques.
» Avant toute chose, l'arrêt du tabac est impératif. Le diabétique en puissance décuple les risques de tomber malade s'il continue à tirer sur la cigarette. En fait, le tabac aggrave les risques liés à la maladie : complications cardio-vasculaires, artérielles, rénales. Pourtant, les diabétiques fument autant que l'ensemble de la population.
» Pratiquer une activité physique est primordial. Elle permet de brûler les graisses et ainsi d'améliorer les performances de l'insuline. Le sport fait également travailler l'appareil cardiovasculaire, baisser la pression artérielle et le taux de lipides. Bref, que du bon ! Mais quel sport pratiquer ? Les fameuses trente minutes de marche rapide quotidienne font l'affaire. Ceux qui auraient envie d'aller plus loin, notamment pour perdre du poids, peuvent s'essayer à une activité plus intensive. "Les sports les plus bénéfiques sont les sports d'endurance, commente Marc Popelier. Le jogging, la natation, le vélo. L'idéal en matière de fréquence, c'est 30 minutes, 3 fois par semaine."
» Dernière bonne résolution à adopter : un rythme de vie RE-GU-LIER. Eviter les fêtes jusqu'à pas d'heure, les repas sautés ou au contraire trop copieux. Garder au maximum, d'un jour sur l'autre, ses heures de repas, de lever et de coucher permet au corps de mieux se réguler.