EnGuyane, l’Esclavage a été aboli légalement le 10 août 1848. Cependant, depuis 1983, les Guyanais ont choisi de commémorer le 10 juin, date de l’arrivée du décret sur l’île.
SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA GUYANE
A la différence des autres départements d'Outre-mer qui sont des îles, la Guyane se situe au nord-est du continent sud-américain. Ellle est située à 2 000 km des Antilles . Elle s’intègre dans le plateau des Guyanes qui s’étend du sud du Venezuela au nord-est du Brésil.
D’une superficie de 83 534 km2, la Guyane occupe seulement 4 % de la surface de cette région alors qu’elle forme le plus vaste des départements français d’outre-mer (16 % du territoire de l’Hexagone), équivalent à la surface du Portugal.
La Guyane est bordée au Nord par l'océan Atlantique sur 320 km environ. A l'Ouest, on trouve le Surinam (520 km de frontière commune) avec pour frontière le fleuve Maroni, et enfin au Sud et à l'Est, le Brésil avec lequel elle partage 580 km de frontière. La frontière Est avec le Brésil est constituée par le fleuve Oyapock.
Le relief du département est peu marqué avec une zone de collines littorales et quelques points dépassant 600 m d'altitude dans le Sud, le plus haut culminant à 830 m.
La Guyane est recouverte à 94 % par la forêt amazonienne qui est sillonnée de rivières et de fleuves entrecoupés de rapides (le Maroni, la Mana, la Sinnamary, l'Approuague, l'Oyapock). La côte est constituée de mangrove sur plusieurs kilomètres. La bande côtière, qui a subi une forte déforestation, se présente sous forme de savane.
RAPPELS HISTORIQUES
Le système esclavagiste est le lieu où est née la société créole de Guyane. Sa longue durée et la nature de sa structure sociale ont contribué à lui donner un rôle fondamental dans la formation de cette société et son évolution politique ,culturelle et économique. Pourtant il faut attendre un siècle après l'abolition de 1848, pour que la société guyanaise reconnaisse l'esclavage comme faisant partie de son histoire. En effet, l'esclavage a été traité par la manipulation et par l'oubli.
En 1664, la Guyane devient territoire français... et colonie esclavagiste. Une amorce de développement permet l'exportation de roucou, indigo, coton, canne à sucre, café, vanille, bois exotiques, ...En 1624 : Louis XIII ordonne l’installation des premiers colons français (normands) qui fondent Cayenne.
En 1670 : Colbert entreprend une grande politique de développement agricole. Les jésuites, conseillers du gouverneur, lancèrent de magnifiques plantations de cannes à sucre, coton, indigo, cacao, café, vanille, et autre épices. Des manufactures de papier et de briques ainsi que des exploitations minières sont créées avec l’utilisation abondante d’esclaves importés d’Afrique.
En 1685, Colbert, ministre de Louis XIV organise le système esclavagiste en édictant "Le Code Noir".
Le Code noir est un recueil d'une soixantaine d'articles promulgués en 1685 sous le règne de Louis XIV, et qui a été publié plusieurs fois, notamment au XVIIIe siècle. Il rassemble toutes les dispositions réglant la vie des esclaves noirs dans les colonies françaises des Antilles (en 1685), de Guyane (à partir de 1704) et de l'île Bourbon (en 1723). Il a servi de modèle à d'autres règlements utilisés dans d'autres colonies européennes. Le Code noir s'inscrit dans l'ensemble des ordonnances de son ministre Colbert, bien qu'il ait été mis en vigueur après la mort de celui-ci par son fils, Jean-Baptiste Colbert, Marquis de Seignelay. Le préambule du Code fait apparaître la notion d'« esclave » comme un fait, sans en donner ni l'origine ni la légitimation. De façon générale, le Code entérine l'esclave comme une personne de non-droit, voire très souvent comme un objet. L’année 1685 qui voit naître le Code noir est l’année qui voit aussi l’Edit de Nantes être révoqué. Cela n’est pas sans conséquence pour les colonies.
Je me demande alors en quoi le Code Noir apparaît comme une révolution en 1685 puisqu’il impose de vraies lois rédigées de la main du roi à propos des esclaves. L’esclavage devient donc légal et des droits et des devoirs sont mis en place pour les esclaves et leurs maîtres. Ce texte à beaucoup d’importance puisqu’il est à l’origine de la condition des esclaves.
En 1763, Choiseul décide de faire progresser de manière décisive la colonisation des terres, et plus de 10.000 personnes débarquent à Kourou, où rien n'a été préparé pour leur arrivée. Plus de 6.000 d'entre eux meurent dans l'année, tués par les fièvres et les maladies. La plupart des survivants se réfugient aux Iles du Diable - où les moustiques sont quasi-absents - et y retrouvent la santé avant d'être rapatriés en Métropole. Les îles prennent alors leur nom actuel d'Iles du Salut. Ce nouvel échec sera à l'origine de la réputation d'"Enfer vert" dont la Guyane souffre encore aujourd'hui, mais aussi de la nommination du premier gouverneur compétent, Pierre Malouet, qui entreprend avec l'aide de Joseph Guisan, ingénieur suisse, un programme de réforme de l'agriculture.
En 1794, sous la République, une loi aboli l'esclavage... qui sera rétabli officiellement en 1802 par Napoléon Bonaparte. Une partie des Noirs refusant de redevenir esclaves "vont marrons" et s'enfuient en forêt, rejoignant les "marrons" de Guyane hollandaise (actuel Surinam) déjà installés. Ce sont les ancêtres des populations noir-marrons qui vivent principalement aujourd'hui sur les berges du Maroni.
Entre 1817 et 1848, le programme lancé par Joseph Guisan est repris, et la Guyane, avec une population de 19.000 habitants dont 13.000 esclaves connait sa période la plus prospère.
En 1828, la mère Anne-Marie Javouhey, membre de la congrégation des soeurs Saint-Joseph de Cluny, rachète des esclaves, en fait des hommes libres et met en valeur avec eux la région de Mana. Ses idées anti-esclavagistes sont soutenues par le député Victor Schoelcher, et aboutiront en 1848 à l'abolition de l'esclavage, qui a pour conséquence immédiate le départ des Noirs des plantations, et l'effondrement de l'économie guyanaise.
1848 : Victor SCHOELCHER proclame l'abolition de l'esclavage sur l'ensemble des dépendances françaises. Le 10 août 1848, vers midi, les esclaves de Guyane deviennent des hommes libres. Le départ des plantations des esclaves provoque une nouvelle fois l'effondrement de l'économie agricole. Les autorités tentent sans succès de remplacer l'ancienne main d'oeuvre en faisant venir des ouvriers agricoles libres. Petit à petit les grandes exploitations ferment. Les familles blanches rentrent en France. Vers 1875, il ne reste qu'une vingtaine de familles de Blancs à vivre en Guyane.
En 1852 sous Napoléon III se met en place la déportation de forçats vers la Guyane afin de combler ce besoin de main d'oeuvre. La Transportation est officiellement instituée en 1854, et accentuera encore la réputation sinistre du département. Saint-Laurent du Maroni devient le centre administratif d'un système pénal qui "accueillera" près de 70.000 hommes et femmes dont plus d'un tiers décèdera en Guyane.
La Guyane reste célèbre pour son bagne où ont été déportés 75 000 prisonniers (dont 3 % ont survécu). Sa fermeture a été obtenue, après la Seconde Guerre mondiale.
Je ne bouclerais pas cet article sans vous parler du bagne en Guyane.
LE PENITENCIER (OU BAGNE) DE GUYANE
L'idée d'exiler "les parasites de la France" en Amérique Française naît en 1792.
Jusqu'en 1938, ce sont quelques 90000 prisonniers qui seront déportés sur cette terre maudite. Dans un premier temps, les bagnards sont envoyés dans les lieux les plus retirés et les plus insalubres qui soient et sont chargés de l' entretien, de l' hygiène et de la propreté de la ville et des routes.
Mais les pertes enregistrées chez les détenus sont énormes. En 1854, une loi donne lieu à la transportation et quelques années plus tard, en 1858 les autorités fondent le centre de détention de Saint-Laurent-du-Maroni. L'administration pénitentiaire prend une nouvelle dimension et s'organise.
Le domaine du bagne se composait de 4 bâtiments dortoirs de 40 m de long, de 19 prisons, de 77 cellules, d' une infirmerie, de cuisines, d' un pavillon du personnel, d' une briqueterie et de deux jardins potagers.
Corruption et inégalité sociale étaient les bases de l'organisation sociale pénitentiaire. L'argent constituait la solution à tous les problèmes. Il permettait entre autre de recevoir un traitement privilégié et bien moins pénible que le travail en foret. Les maladies, quand à elles, ne cessaient guère de contribuer au malheur des bagnards. La plus répandue et la plus terrible était sans doute le paludisme. La quinine se faisant rare, elle n'était administrée que dans les cas les plus graves, souvent trop tard. Détenus et gardiens enduraient tous sans différence les effets ravageurs de la fièvre paludéenne.
Éloignée de la mère patrie, l'administration pénitentiaire ne subissait que peu de contraintes et le système, corrompu et souvent inadmissible, pouvait fonctionner sans peine. Pourtant en 1923, les Iles du salut accueillent un journaliste parisien, Albert LONDRES. De retour en métropole, ce dernier se fait l'écho des conditions de vie des bagnards guyanais. Il faudra attendre cependant une quinzaine d'année pour que Gaston MONNERVILLE, alors député de la Guyane parvienne à obtenir progressivement la fermeture du bagne.
Détenus célèbres :
Henri Charrière dit Papillon : Né le 16 novembre 1906 à Saint-Étienne-de-Lugdarès dans l'Ardèche.Déceède le 29 juillet 1973 à Madrid. C'est lui qui a écrit le livre Papillon. Henri Charrière fut condamné aux travaux forcés à perpétuité au bagne de Guyane après avoir été jugé pour le meurtre de son ami Roland Legrand le 28 octobre 1931, meurtre qu'il a toujours nié. |
Alfred Dreyfus : Né à Mulhouse le 9 octobre 1859 - décède à Paris le 12 juillet 1935. Officier français juif d'origine alsacienne, il est Accusé, puis condamné pour trahison avant d'être gracié. Il fut au cœur d'un conflit social et politique majeur de la IIIe République, appelé l'Affaire Dreyfus |
BAGNE SAINT LAURENT DU MARONI
LES ISLES DU SALUT
UNE CELLULE
Je ne peux dire qu'une phrase: QUE DE CRUAUTES!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Je suis allée en Guyane les vacances dernières, et j'ai été marquée par toute cette souffrance qui sortait de ces murs.
Un long moment de recueuillement s'est imposé pour la mémoire des bagnards.