Mes amies m'ont prévenues : il fait très froid en France, la neige a déjà fait son apparition depuis un petit moment dans certaines régions. Curieuse, je suis allée voir du côté de la météo les prévisions.
Et là deux versions ! Je commence par la moins drôle prévue par deux météorologues un allemand et un américain.
Il apparaitrait que l'hiver 2013/2014 serait le plus froid que l'Europe eut connu depuis 100 ans !
L'autre version nous vient du météorologue Régis Crépet spécialisé dans les prévisions saisonnière qui lui estime que l'hiver à venir ne devrait pas être rigoureux mais plutôt doux et humide avec éventuellement une période plus froide en janvier.
Cependant force nous est de constater que certains glaciers de l'Alaska recommencent à avancer, la banquise antartique a connu une extension record le dernier hiver austral.
L'Antartique est un petit continent de 14 millions de Km2, dont 98 % est recouvert d'une couche de glace de : 1 km 600. C'est le continent le plus froid et le plus venteux.
Des données provenant de l'Est de l'Antartique analysées récemment montre que cette région méconnue a battu un record de froid sur terre avec une température de :
- 93° ! (d'après une étude américaine)
Au Nord-Est de la Sibérie le mercure est tombé au plus bas à - 67,8° en 1892 et 1933. Et chez nous ?
L’hiver le plus froid en France a sévi en 1879, le mois de décembre se transforme en pays du grand nord. L’invasion d’air polaire venue de Sibérie déferle sur le pays le 2 décembre, et cette période exceptionnellement glaciale se prolongera jusqu’au 28 décembre. Entre le 4 et le 5 décembre, une effroyable tempête de neige balaye toute la moitié Nord, et la couche de neige atteint 36cm à Paris.
Sous le poids de cette neige, le marché St-Martin s’écroule, heureusement sans faire de victime. Cette couche se maintient jusqu’au début du mois de janvier 1880 et préserve les récoltes en terre, contrairement à la vigne et aux arbres fruitiers ou forestiers dont un grand nombre se trouvent gelés au niveau de la neige.
L’exceptionnelle quantité de neige n’est pas sans poser quelques problèmes dans les villes, et à Paris, d’énormes chariots stationnent sur les places, recevant les monceaux de neige que l’on jette dans la Seine. Comme celle-ci est gelée, il se forme de véritables montagnes de neige au niveau des ponts, notamment près du pont St-Michel. Au bout de quelques jours, ces monticules sont si hauts qu’ils arrivent à la hauteur des tabliers ! 4000 tombereaux ne seront pas efficaces pour en venir à bout et le service des ponts et chaussées teste une nouvelle machine tirée par huit chevaux.
Les Parisiens s’inquiètent car les ordures s’amoncèlent et l’on commence à craindre des épidémies. Selon certains écrits, si les magasins de fourrure triomphent dans leurs magnifiques étalages, Paris prend l’aspect d’une ville Russe triste et sale. On se croirait dans quelque cité de la Baltique à Koenigsberg. Un grand silence règne malgré la circulation car la neige a la particularité d’être un très bon isolant.
La circulation des voitures à chevaux devient d’ailleurs très difficile voir impossible. Les animaux glissent très souvent sur les pavés en bois ou en pierre et les accidents sont nombreux. Il faut préciser que les transports urbains, tramways et omnibus - tous à traction à cheval se sont développés au début des années 1860. Partout, le trafic ferroviaire s’arrête, notamment sur la ligne du Nord où les congères sont si hautes que les trains sont stoppés en route.
Peu à peu, dans les rues quasi désertées en raison du froid polaire ne circule plus guère que des traîneaux dont les chevaux sont garnis de colliers à grelots. Ces modes de transports sont toutefois réservés à une clientèle plutôt aisée. La marche à pieds est elle-même périlleuse car d’importants morceaux de glace se détachent parfois des toits et viennent s’écraser sur les trottoirs; et malgré le fait que l’on signale quelques accidents mortels, aucunes autres dispositions ne sont prises pour autant...
Les boutiquiers jettent des cendres sur le bitume pour limiter les glissades et les fractures qui se comptent par centaines. L’activité économique de la capitale s’en trouve ralentie à tel point que certains jours, la Bourse n’enregistre quasiment pas de transactions; la neige retarde ou suspend l’arrivée des dépêches et du courrier. Pour aider les miséreux, des souscriptions, des fêtes et des loteries sont organisées. Bien que plus froid que l’hiver 1870/1871, décembre 1879 est moins traumatisant pour une grande partie de la population, car elle bénéficie du chauffage qui, était presque inexistant en 1870/1871 en raison de la guerre…
*Il faut rappeler qu’en décembre 1870, avec le siège de Paris et la présence du froid, on en était venu à manger du rat (vendu 50 à 75c) – le chat étant devenu trop cher pour les pauvres !"
Compte tenu des températures particulièrement basses, des braseros publics sont allumés dans plusieurs centres ouvriers.
Tous les cours d’eau du Nord, du Centre et de l’Est de la France gèlent dès les premiers jours de décembre et une retraite aux flambeaux est organisée sur la Seine, à Paris, le jour de Noël la température descend encore à -17°C. L’épaisseur de glace atteint alors 30cm !
On observe également le gel total du lac Léman, d’une partie du littoral de la Manche et de la lagune de Venise. A Lyon, la couche de glace atteint 50cm d’épaisseur sur la Saône ! Au début du mois de janvier 1880, d’importantes débâcles se produisent sur la Loire et la Seine, occasionnant d’énormes dégâts et des inondations,un peu comme au Canada ou en Russie.
A Paris, le pont des Invalides est emporté par des glaçons de plus d’un mètre d’épaisseur le 3 janvier. Cet hiver extraordinaire est suivi d’un mois de mars très chaud ; la température moyenne dépassant de 4 degrés la normale… Il faut enfin préciser que le Midi de la France est beaucoup moins durement touché par ces grands froids.
Les prévisions saisonnières donnent des tendances, des mouvances. Il s'agit d'une science jeune qui n'est pas encore totalement maîtrisée. (Régis Crépet)
Que nous réservera l'hiver 2013/2014 ?
Nos météorologues n'ayant pas réussi à accorder leurs violons, qu'en disent nos astrologues ?
Ne perdons pas notre temps et hop :
A nos aiguilles pour confectionner de chauds pulls-over, de douillets bonnets, et de grosses chaussettes. Garnissons nos remises de bûches de bois !