L’histoire du judaïsme n’est pas aussi linéaire que l’on veut parfois nous le faire croire. Et surtout, ce n’est pas un accident de l’histoire, comme une robe de soirée surgeon religieux apparu soudain en Mésopotamie il y a quatre mille ans Dieu sait pourquoi et comment… Comme pour le christianisme, la cyclologie permet de qualifier et, surtout, de justifier le judaïsme. Le point vernal venait d’entrer dans la constellation du Bélier lorsque Terah quitta la cité d’Ur avec son fils Abram, inaugurant ainsi la deuxième Ere de l’Age du Fer (la première étant l’Ere du Taureau). Rappelons que les principales colonies atlantes, elles-mêmes fondées quatre mille ans auparavant, étaient réparties à l’est en Egypte et en Chaldée (ainsi qu’en Inde et en Chine), et à l’ouest en Amérique du Sud. Le Déluge de Noé (nommé Deucalion par Platon), qui marqua entre-temps le passage de l’Age du Bronze à celui du Fer, permit d’instaurer une nouvelle Alliance de type très aristocratique entre Dieu et certains hommes. Abram descendait de cette tribu élue par Dieu pour conserver et revivifier la Tradition, laquelle resta encore très vivace dans les colonies atlantes précitées durant les deux mille ans précédant sa naissance, soit durant cette Ere du Taureau qui vit partout fleurir des religions traditionalistes (c’est-à-dire fondamentalement monothéistes, je me permets de le rappeler) à figure taurine. Le taureau androcéphale était ainsi au cœur de la religion sumérienne pratiquée à l’époque. Le départ de Terah – et donc d’Abram – est un signe que la Chaldée était entrée dans une phase de dégénérescence : le rôle des Juifs consistant à marcher d’un pays à l’autre pour conserver intacte la Tradition prit alors réellement son essor. Ils se dirigèrent vers l’ouest (suivant la loi dont j’ai parlé précédemment), tout naturellement vers l’Egypte. Certains d’entre eux s’installèrent au pays de Canaan (qui se trouvait à mi-chemin) pour fonder Jérusalem, et d’autres poursuivirent effectivement leur route jusqu’en Egypte : quittant les fastes du Moyen Empire, ce pays pénétrait à son tour – avec quelques siècles de décalage après la Chaldée – dans une période de desséchement religieux. Comme l’écrivait Jean Phaure, l’arborescence de chaque Ere présente dans ses robe de mariée grandes lignes une structure analogue, étagée sur un rythme à trois temps (chacun d’eux durant environ sept cents ans, puisque la durée canonique d’une Ere est de 2160 ans) : 1) le départ bourgeonnant puis l’effervescence (avec des ramifications théologiques qui peuvent éventuellement pousser jusqu’à former des mouvements hérétiques) ; 2) l’apogée de floraison religieuse et artistique suivi du premier coup de hache brutal (dû à des principes extérieurs radicalement hétérodoxes)