Source : http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Dunkerque/actualite/Secteur_Dunkerque/2010/11/30/article_chez-quick-monsieur-giant-et-ses-cinq-mi.shtml article de BRUNO VERHEYDE

Daniel Debièvre, fidèle du Quick de Grande-Synthe depuis unedouzaine d'années. PHOTO JEAN-CHARLES BAYON

Plus qu'une histoire de goût, c'est une histoire de « fou ». Depuis douze ans, chaque midi, invariablement, Daniel Debièvre déjeune au même endroit. En soi, rien de bien original, sauf à connaître le lieu des « agapes » : le fast-food Quick de Grande-Synthe.

Douze ans, 3 700 menus XL agrémentés d'un sandwich supplémentaire et d'une bière. Au bout de l'addition : 7 400 hamburgers, 1 221 litres de bières, 3 700 portions de frites pour un total estimé de 5 457 500 calories ! On vous épargne les 74 kg de mayonnaise et de ketchup !

Le constat diététique établi, suivent les fantasmes, alimentés notamment par Morgan Spurlock, ce réalisateur américain qui, en 2004, voulant prouver la nocivité de la « junk food » (malbouffe), avait livré son organisme à une expérimentation culinaire et livré un verdict sans appel. Dans Super Size Me, il racontait les méfaits du hamburger et son influence sur la transformation de son métabolisme. Gain de onze kilos, augmentation du cholestérol de 0,65 grammes par litre de sang et un an pour retrouver une santé optimale. Le tout en un mois. Alors, en douze ans...

Monsieur Giant

Hier, avant de rencontrer Daniel Debièvre, on se demandait bien quelle sorte de « monstre » nous allions voir. Installé à l'une des tables de l'établissement grand-synthois, le quinquagénaire a l'allure débonnaire d'un type ordinaire. Seule aspérité, le surnom que lui a conféré sa fidélité. « Ici on l'appelle "Monsieur Giant" », confie Ludovic Peltier, directeur opérationnel des Quick de Grande-Synthe, Dunkerque et Béthune.

Monsieur Giant, responsable d'agence et commercial dans une entreprise de chaudières, a poussé pour la première fois la porte du fast-food en juillet 1998. « Grande-Synthe est pour moi un lieu stratégique. Aujourd'hui, par exemple, je suis entre deux interventions à Ochtezeele et Petite-Synthe. Venir ici me permet de ne pas trop dépenser et me procure un gain de temps certain. Ainsi, je peux programmer des rendez-vous entre midi et deux. » Du haut de son 1,82 m, il affiche avec fierté son poids (81 kg) comme paravent à tous les fantasmes. « Dans moins d'un mois, je fêterai mes 54 ans. Si manger des hamburgers se traduisait par une obésité systématique, il y a longtemps que j'aurais explosé. Je pense qu'en adaptant son apport en calories à ses besoins, il n'y a pas de raison d'avoir de problème particulier. Quand vous passez les portes d'un fast-food, vous n'êtes pas obligé de vous goinfrer. Vous savez, quand on voit comment se nourrissent les gens chez eux, il vaut peut-être mieux manger quotidiennement chez Quick », assure Daniel, certainement recordman de France, voire du monde dans sa catégorie. Un titre qui ne semble pas trop préoccuper cet homme, originaire de Merville, qui a connu le haut niveau sportif dans les rangs de l'équipe de France espoirs de volley. « Je continue de m'entretenir en faisant beaucoup de marche et en m'occupant des jeunes footballeurs du CS La Gorgue. » Faisant désormais partie des meubles, il passe quotidiennement les portes du restaurant comme s'il rentrait déjeuner à la maison. « Pour moi, c'est un peu comme une seconde famille. Je connais tout le monde ici. Ils font preuve de beaucoup d'attention à mon égard. Je vois évoluer les employées. Elles viennent à vélo, puis passent leur permis, achètent une voiture. Puis elles trouvent un copain ou un mari, s'en vont et reviennent quelques années plus tard, comme clientes et disent à leurs enfants : "Regarde, c'est M. Giant" ! » S'il avoue une ou deux infidélités au profit du rival américain (« quand je me suis retrouvé dans des zones sans Quick »), elles lui auront servi à se convaincre de la pertinence de son choix. « Ici, le goût est meilleur et le service incomparable », affirme l'homme-sandwich qui ajuste aussitôt. « Mais rassurez-vous, j'adore également la nourriture plus classique, manger des plats gastronomiques. » Dans une main quelques frites dans l'autre l'épilogue d'un hamburger. Pour quelques calories de plus... •