Les troubles des comportements alimentaires se conjuguent également au masculin. Victimes d'idées reçues, les adolescents qui en sont victimes sont peu informés et moins enclins à aller consulter. Une étude britannique met en lumière le phénomène.
Ils ont généralement entre 15 et 25 ans, sont obsédés par l'image de leur corps, comptent les calories avec acharnement ou font du sport à outrance. Certains sautent les repas et s'affament jusqu'au malaise. Beaucoup perdent du poids. Les troubles alimentaires comme la boulimie et l'anorexie ne sont pas le seul apanage des femmes. Et pourtant, beaucoup de jeunes hommes ne le savent même pas.
C'est ce qui ressort d'une récente étude britannique parue dans le journal BMJ Open. Ulla Raisanen, chercheur à l'Université d'Oxford et Kate Hunt, de l'Université de Glasgow, ont cherché à comprendre comment les hommes percevaient leurs symptômes et quels étaient les freins à l'accès aux soins.
À partir d'interviews réalisées sur 19 femmes et dix hommes âgés de seize à 25 ans, les scientifiques ont analysé la perception qu'ont eue ces jeunes hommes de leurs symptômes avant le diagnostic de la maladie. Leur conclusion est sans appel : "Les troubles du comportement alimentaire chez les hommes sont sous-diagnostiqués sous-traités et insuffisamment étudiés".
Tous, constatent-elles, ont mis du temps à se rendre compte de leur état et des signes avant-coureurs. Dans la perception populaire, les troubles alimentaires sont vus comme une maladie typiquement féminine. L'un des participants en témoigne pensant que ce type de trouble touche "les adolescentes émotionnellement fragiles". Un autre déclare : "C'est quelque chose que les filles attrapent".
Il leur a fallu des mois, voire des années, avant que le diagnostic ne soit établi, souvent dans l'urgence, lors d'une hospitalisation notamment. Peur de ne pas être pris au sérieux, honte de troubles jugés peu virils... Or, une détection précoce est indispensable pour mieux prendre en charge de tels troubles, suggère l'étude.
Les auteurs font aussi état de diagnostics tardifs ou erronés et des médecins peu empathiques.
Avoir le courage d'aller chercher de l'aide chez un professionnel ou demander de l'information est en effet peu aisé pour ces garçons qui ont, au fil de la maladie, eu tendance à se replier sur eux-mêmes. Les professionnels, dont le corps enseignant, ont un rôle particulièrement important à jouer en la matière souligne l'étude.
Une étude de 2011 parue dans l'International Journal of Eating Disorders révélait que 4 millions d'Américains sont atteints de troubles des comportements alimentaires, mais la prévalence chez les hommes reste une inconnue car les symptômes ne sont souvent ni reconnus, ni déclarés.
Prévenir, accompagner, soigner et bousculer les idées reçues, tel est le message que les auteurs souhaitent faire passer au travers de cette étude.
lu sur passeportsante.net