Des phénomènes d'empathie produisent une amplification du goût lorsque nous mangeons à plusieurs.
Partager un repas entre amis fait partie des plaisirs de la vie. Les grandes fêtes et banquets, lors des mariages ou des occasions solennelles, donnent une saveur toute particulière à ce que nous mangeons. Plus simplement, un humble casse-croûte partagé avec quelques camarades lors d'une randonnée est ressenti différemment d'un repas solitaire.
Des scientifiques ont essayé de comprendre d'où venait ce « supplément de bonheur » lié au partage. Leurs recherches les ont conduits à une découverte étonnante : la perception du goût est littéralement amplifiée par la présence d'autres convives.
Le groupe rehausse le goût
Dans ces expériences, des sujets étaient invités à goûter du chocolat en présence d’une autre personne – un membre incognito de l’équipe –, et à livrer ensuite leur appréciation. Dans un cas, le complice de l'expérience regardait des tableaux au mur ; dans un autre cas, il mangeait également du chocolat. Dans ce dernier cas – et non dans le premier –, les sujets trouvaient le chocolat meilleur. Ainsi, le simple fait de savoir qu’une autre personne mange la même chose que vous suffit à vous faire percevoir la nourriture comme meilleure.
Meilleure ? Voire. Lorsqu'il s'agit d'un goût désagréable, il est perçu comme encore plus désagréable. C'est ce qu'ont constaté les psychologues en donnant à leurs sujets des mets très amers. En présence d'une personne qui mangeait en même temps qu'eux, ils ont trouvé la nourriture encore plus mauvaise !
Une cumul de sensations
Donc, manger à plusieurs, c'est bien, mais mieux vaut soigner le menu. Reste à savoir comment apparaît cet effet d'amplification perceptive. Nos sens semblent suractivés par la présence d’autres personnes partageant la même expérience. Selon les auteurs de cette étude, cet effet résulte probablement d’une superposition de notre perception personnelle et de notre empathie envers la perception de nos voisins. En effet, lorsque nous voyons une personne éprouver du plaisir (ou du désagrément), que ce soit en mangeant ou en regardant un film à la télévision, nous percevons une partie de ce plaisir ou de ce déplaisir, parce que les mêmes zones sensorielles s’activent (par empathie) que si nous goûtions réellement ce mets ou voyions ce film. Lors d’une expérience partagée, cette activation « par empathie » s’ajoute donc à notre perception sensorielle directe, créant un effet cumulatif. Comme dit l’adage : plus on est de fous, plus on rit.
Lu sur cerveauetpsycho.fr