LE CÉLIBAT

UN CHOIX DE VIE ?

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En France, + de 7,4 millions de personnes vivent seules, dont 4,4 millions de femmes comprenant 31,3 % de célibataires, 13 % de veuves, 7 % de divorcées. (A 30 ans, il y a plus de célibataires chez les hommes, mais la tendance s’inverse après 40 ans).

Jeunes ou moins jeunes, séparées depuis peu ou célibataires de longue date, les “femmes seules”, toujours plus nombreuses, sont devenues des figures emblématiques de notre époque. Elles inspirent scénaristes de séries télévisées et auteurs de romans. Mais quels rêves, quelles désillusions agitent réellement leur cœur ? Sont-elles victimes de leur trop grande exigence ? Ou pionnières, en train d’inventer de nouvelles relations entre hommes et femmes ? Elles sont, bien sûr, les premières à se poser toutes ces questions. Car chacune d’elles se débat dans des désirs parfois contradictoires. En prendre conscience est souvent le premier pas à faire pour accéder à la vraie liberté. Une liberté choisie et assumée. 

Solitude : la subir ou la choisir

C’est quoi une femme seule ? Débat passionné à la mesure des préjugés et des fantasmes que l’on plaque sur les femmes seules : une célibataire ? maîtresse d’homme marié ? divorcée qui vivent avec leurs enfants ? amoureuse, vivant chacun chez soi ? etc … Aujourd’hui, elles sont devenues un phénomène de société en évolution, et échappent aux anciennes caricatures. Finies les rosières et les vieilles filles handicapées du cœur et des sens. Mais finies également les "célibattantes" conjuguant célibat et réussite professionnelle … Actuellement, rares sont celles dont la solitude est un choix de vie. Et beaucoup pressentent qu’elles peuvent être amenées à la vivre, un jour ou l’autre, comme une pause entre deux histoires d’amour, un temps de calme avant que le cœur ne se remette à battre. 

La solitude refuge

- Certaines ont commencé par vivre en couple, et se sont retrouvées seules, ont vécu d’autres belles histoires, mais toujours “chacun chez soi”, entrecoupées de périodes de célibat. La solitude n’a jamais été une souffrance puisque, succédant à des ruptures inévitablement douloureuses, elle était un apaisement, un repli vital.

- Pour d’autres la solitude peut être un soulagement, lorsqu’on apprend à vivre seule après un divorce douloureux et que l’on aspirait à sortir de conflits incessants. Cette solitude quelquefois est peuplée d’enfants, et peut être angoissante parce que l’on doit faire face, seule, à des soucis matériels et pratiques.

- Vécue comme le deuil à faire d’une histoire d’amour, la solitude des "désaimées" est souvent douloureuse. Lorsque, après trente-cinq ans de mariage, le mari est parti avec une autre femme et qu’elles réalisent n’avoir vécu que pour lui et les enfants. Il faut découvrir la solitude et l’apprivoiser, la savourer comme une sécurité : ne plus avoir à s’inquiéter des réactions de l’autre, ne plus être dans l’attente, ne plus rendre de comptes à personne. Pour certaines femmes apprendre à vivre seule est une renaissance et une rééducation en même temps.

La solitude souffrance

Se lever seule, se retrouver seule devant son bol de café, ne parler à personne avant d’arriver au boulot, ça fait peur. Parfois, on se sent prête à tout pour que ça cesse. Et puis, on s’habitue. Le premier resto, le premier ciné, les premières vacances toute seule … autant de victoires acquises sur des murs que l’on pensait infranchissables. Lentement la vie se structure autour de la solitude, on apprend à trouver le juste équilibre. Un équilibre parfois précaire lorsqu’on retombe amoureuse d’un homme et que ce sentiment n’est pas réciproque. Dans ces moments-là, les inquiétudes sur l’avenir reviennent avec violence. Suis-je seule ad vitam aeternam ? Cette rencontre qui n’aboutit pas renvoie brutalement à la faille, au manque.

On peut aller chercher la réponse au « pourquoi suis-je seule ? » dans les injonctions de l’entourage, des parents, des copines. Et faire siennes des remarques comme : «Tu es sûre que tu n’es pas trop exigeante ?», «Evidemment, tu ne sors jamais !», «Pourquoi tu n’essaies pas les petites annonces ?» Et la culpabilité s’installe, accentuée par les humiliations sournoises : Nous sommes coincées entre le regard étonné des proches et le leurre entretenu par les médias sur la bonne humeur sans faille de ces jeunes femmes seules, jolies, intelligentes, cultivées, hyperactives, libres de leur temps, éprises de leur indépendance et au top niveau de leur profession…

Le célibat a un poids, celui de la solitude et de l’injustice. Car la femme seule est celle qui contrarie les plans de table, menace la paix des ménages, paye au prix fort ses vacances, se voit reléguée à la plus mauvaise table au restaurant, se doit d’être disponible en famille pour s’occuper des vieux parents et au travail pour pallier les imprévus. Sans compter que les premiers cheveux blancs annoncent l’emballement de l’horloge biologique. Jusqu’à 35 ans, c’est sympa le célibat entrecoupé de relations, mais dans les années qui suivent se pose la question de la maternité qui peut virer à l’obsession parce que, partie d’une solitude plus ou moins voulue, on arrive devant un choix à faire : avoir un enfant seule ou prendre le risque de ne jamais en avoir. C’est souvent le moment où certaines comprennent qu’il est temps de faire le point sur elles-mêmes.  

La solitude plaisir

Quand elles comprennent que, ni choisie ni subie, la solitude est un temps qu’elles s’offrent à elles, les femmes seules retrouvent des émotions profondes. La solitude est un état d’une très grande richesse. La vraie solitude, ce n’est pas être seule, c’est être avec soi-même. Il faut trouver un équilibre entre soi et soi, comme dans le couple il faut trouver un équilibre entre soi et l’autre. Il faut s’aimer, et pour s’aimer, il faut savoir se faire plaisir, prendre soin de soi, sans être connectée au désir de l’autre.

Au début on peut se découvrir beaucoup de peurs, des résistances, des blessures, une énorme sensibilité, une profonde tristesse, de la colère, un manque de confiance, l’ennui, un sentiment de culpabilité. Mais aussi de la force, de la persévérance, de la combativité, de la volonté. Il faut apprendre à aimer et à être aimée, savoir exprimer sa joie, sa générosité … C’est cette générosité et cette disponibilité dont témoignent ceux qui côtoient des femmes seules épanouies. Et qui en arrivent à s’interroger : « Elles sont tellement bien dans leur vie qu’il n’y a peut-être pas la place pour quelqu’un d’autre. »

Le piège du célibat est que l’on est plus tranquille seule. Pas de concessions à faire, pas de cœur qui s’emballe, on contrôle. Or, qui dit amour dit transformation, changement, prise en compte d’un autre que soi, avec toutes ses différences…  

La solitude attente

C’est à cette balance entre solitude-plaisir et solitude-souffrance que se trouvent confrontées les femmes seules. Leur regard sur les hommes se durcit, devient plus exigeant. Quelque chose ne va pas ? elles cessent la relation parce que, justement, elles n’ont pas peur d’être seules. Elles ne recherchent plus le prince charmant ; l’amour peut être vivre avec quelqu’un pour faire un bout de chemin, pas par dépit ou désespoir, quelqu’un qu’on aura choisi et qui nous aura choisie, un chemin fait de partage, d’échange, d’une relation saine et pleine de vie, de tendresse. La solitude apaisée peut être celle de l’attente tranquille, avec ses manques, choisie pour ne pas la sacrifier pour n’importe qui. Etre simplement exigeante dans l’attente d’une relation vraie, parce qu’on la mérite et prendre le risque, sciemment, de ne rencontrer personne..

« Les célibataires en savent plus long sur le mariage que les hommes mariés. Sans quoi, ils ne seraient pas restés célibataires. » Robert ROCCA

BISOUS MES AMINAUTES * BONNE JOURNEE