Il me surprendra toujours !!! je suis fan, mais pas convaincue sur tout ce qu'il dit, notamment sur l'eau...



Le Dr Jean-Michel Cohen, nutritionniste, revient sur les mythes associés à la consommation régulière d'eau.

FRANCE-SOIR. Que pensez-vous des conclusions de cette étude ?

Dr JEAN-MICHEL COHEN. C'est assez amusant, car en réalité c'est une évidence. La perception de la soif est une des choses les mieux régulées chez l'individu, hormis chez les personnes âgées qui perdent cette sensation. L'idée de boire plus est un système hérité du slogan « Buvez, éliminez » sur laquelle on a dérapé. On a utilisé cette phrase avec comme principe psychologique celui de la purification par l'eau. Or c'est faux.

Vous insinuez que boire sans soif n'est pas nécessaire...

Boire est utile dans plusieurs cas de figure : quand on a de l'acide urique, des calculs rénaux, ou quand on fait des régimes un peu « violents » ou des efforts musculaires intenses qui provoquent l'accumulation de corps cétoniques dans le sang. Dans ces cas-là, on utilise le fait de boire beaucoup comme un diurétique. Sinon, ce n'est pas utile. D'ailleurs je m'inquiète pour toutes ces femmes qui se baladent avec leur bouteille d'eau dans le sac et se forcent à boire régulièrement dans la journée. Je me demande si elles ne boivent pas plus qu'il ne le faudrait. Je rappelle quand même que, en 1991 à Lille une famille, dans un grand mouvement ésotérique, s'est suicidée... à l'eau ! On peut mourir de trop boire de l'eau.

Quel comportement adopter alors ?

Normalement, on n'a besoin ni de penser à boire, ni de se forcer à boire, hormis pour les bébés et les personnes âgées. L'alimentation de quelqu'un de normal contient 1,5 à 1,75 litre d'eau par jour. En dehors d'apaiser la soif, cette quantité suffit quand on est en bonne santé. On n'a pas besoin de boire plus que la soif nous le demande.

Que dire du Programme national nutrition santé (PNNS) qui préconise cinq fruits et légumes par jour ?

On a déformé le message du PNNS. Jamais il n'a dit qu'il faut manger cinq fruits et légumes par jour. Il a juste dit qu'il faut quotidiennement plus de 400 grammes de fruits et légumes, qu'il est recommandé de les diversifier et que cinq paraît un bon chiffre. Ce qui s'est passé, c'est que la filière agricole s'est emparée du sujet et s'est dit : « Voici une occasion merveilleuse de faire consommer plus avec un argument santé à la clé ! » Deux semble un chiffre plus raisonnable.

Y a-t-il d'autres idées reçues qui ne demandent qu'à être invalidées aux yeux du public ?

Bien sûr ! Exemple qui va en surprendre plus d'un : la rétention d'eau n'existe pas, c'est un passage de l'eau à travers les vaisseaux quand on en a trop, et surtout une mauvaise résistance lymphatique et capillaire. On peut parler de rétention de sel, pas de rétention d'eau. Si on faisait boire à ces femmes de l'eau déminéralisée en enlevant le sel de leur alimentation, elles ne feraient plus de rétention d'eau. De même, lorsque l'on dit qu'un jus de fruit est identique à un soda, les gens n'y croient pas. Pourtant, un jus de fruit contient 12 grammes de sucre pour 100 millilitres, et très peu de vitamines.

Selon vous, les industries agroalimentaires sont-elles à l'origine de certaines recommandations alimentaires ?

Bien entendu ! Par exemple, depuis un