Cette nuit, ma fille m'a laissé un mail qui m'a émue aux larmes. J'ai envie de le partager avec vous. Je vous parle tellement d'elle et de ses problèmes. Comprenez que son texte veut dire qu'elle était tellement sous le charme de son demi-dieu de père (mon ex) et dans l'optique de retrouver sa mère biologique qu'elle idéalisait, qu'il n'y avait pas de place pour moi ... Jusqu'à ces derniers temps.

« Si nous pouvions disposer de l’immortalité, c’est notre mère que, la première, nous rendrions immortelle ». P. Gerfaut.

J’ai rejoint ma maman à 36 ans, des années à chercher une mère, alors que tout proche, ma maman veillait silencieusement, doucement …

Face à un papa idolâtré et une mère fantasmée, comment aurait-elle pu se faire une place ?

Et c’est avec un amour infini, inconditionnel qu’elle m’aime malgré moi, tel un animal farouche, avec toute sa tendresse elle parvient à force d’entêtement à m’apprivoiser, à entre ouvrir la porte de mon cœur, si lourdement verrouillé.

Parce qu’elle veut que j’existe, elle ne m’a pas mise au monde … mais elle m’a offert le droit à la vie … Et chaque jour, elle me porte à bout de bras, à bout d’espérance vers le rivage, moi, qui ai si souvent failli me noyer dans mon histoire si complexe …

Bien sûr, je ne suis pas encore entièrement « au monde », ma petite maman, quel mérite … Finalement une mère biologique porte son enfant 9 mois et, certaines, comme la mienne se déchargent du « paquet ».

Ma maman me porte depuis 36 ans et je ne suis pas encore parvenue au bout du voyage … C’est tellement plus qu’un accouchement … tellement plus fort, plus douloureux aussi parce que la souffrance qui l’habite aujourd’hui de me voir me détruire est bien plus sournoise et lancinante que quelques contractions … Ce qu’elle endure ne peut être soulagé par une péridurale … Non, ça dépasse l’entendement, vouloir sauver un être aimé avec rien.

"Mais rien n’est indifférent, rien n’est impuissant dans l’univers ; un atome peut tout dissoudre, un atome peut tout sauver … » G. de Nerval.

Je t’aime maman.

Manue

Voilà pourquoi, j'avais de l'eau qui coulait sur mes joues, la nuit dernière, après avoir lu ce message.