… pour brigou, pour aventura … et vous z’ôt qui avaient du être concernées un jour !

et surtout pleurez pas hein … comme moi en l’écrivant je revoyais ma jolie, croisée dalmatienne et pointer, notre amour de gourmande, en câlins et bouffe !

Dans la vie, je ne suis pas du genre chanceux, enfin je le croyais jusqu’au jour où j’ai rencontré ma douce, ma maîtresse …

Elle est assise à même le sol, sa figure toute pâle se penche vers moi. Elle tient dans sa main une part de gâteau, mon préféré …et parce que je l’aime j’ai desserré les dents pour avaler la friandise (depuis quelques jours ne n’ai plus très faim à cause de toutes ces douleurs qui me clouent ici sur ce coussin !). J’ai vu plein de larmes dans ses yeux et je me suis dit : voilà encore des médicaments qu’elle camoufle dans le gâteau …

« C’est pour ton bien, je ne veux plus que tu souffre, je t’aime trop. Tu vas simplement t’endormir ! »

Sa voix et une sensation de bien-être engourdissent la douleur. Je suis de nouveau vaillant, prêt à gambader. Je n’ai plus les pattes faibles, le dos douloureux. J’ai voulu me redresser, retourner dans ce jardin que j’aime tant, mais brusquement, je comprends que c’est impossible. Mes pattes ne fonctionnent plus, elles s’étalent autour de moi et les larmes inondent les joues de ma maîtresse : « mon tout beau, mon tout gros, nous avons été si heureux ensemble » dit-elle ! Je ferme les yeux, je n’ai plus peur puisqu’elle est là, sa main sur ma tête, aussi chaude qu’un soleil d’été, pour y effacer les mauvaises choses des derniers jours, je me laisse aller…

La première fois que nous nous sommes vus, je me morfondais dans un coin du cabinet du vétérinaire. Je ne comprenais pas se qui m’arrivait, la veille à la maison il y avait l’agitation des vacances ! mais mes maîtres m’ont traîné de force dans ce cabinet  malodorant ou défilaient chats, lapins, chiens surveillés de près par des maîtres attentifs et soucieux. Les miens ont confié au docteur en disant que le camping n’acceptait pas les animaux ! Alors voilà ils me laissent là, la marâtre indique au véto qu’elle ne voulait pas de chien,

c’est son époux qui en voulait un … elle se contentait de me servir ma pâtée en m’installant sur une serpillière … sans câlins !

Une belle inconnue parfumée à la lavande, portant des lunettes fumées, venait de pleurer dans le cabinet du véto en disant que c’était trop injuste qu’elle n’avait plus que lui titus, titus le beau, le grand dogue … j’ai frétillé

de la queue, j’ai jappé en la voyant repartir … elle s’est approchée de moi pour une caresse … et moi l’abandonné, je suis reparti avec elle ! elle ignorait mon nom puisque mes anciens maître ne l’avait pas dit au véto. Il faut dire que la plupart du temps ils se contentaient de me siffler ou de hurler si j’avais le malheur de m’oublier dans le couloir, parce qu’ils avaient omis de me sortir ! je ne suis qu’un corniaud mais la douce m’a donné ma chance ! en arrivant dans sa maison elle m’a indiqué le panier de titus, je reniflais l’odeur étrangère, et j’ai préféré m’installer à même le carrelage plutôt que sur la couverture … de l’autre ! elle a compris et m’a offert un nouveau coussin bien douillet pour la corbeille, des jouets en caoutchouc sur le gazon, et … me baptisa pollux …Elle fit la connaissance d’un voisin qui me fut antipathique dès le début, IL enjambait la haie pour la rejoindre, et me gratouillait dans le cou … pour lui plaire ! un jour je l’ai même mordu persuadé qu’un danger la menaçait, et là elle m’a grondé : tu n’es qu’un vilain chien … et elle m’a envoyé coucher sur le coussin … seul ! J’allais sur mes 2 ans quand un matin elle m’invita à grimper dans sa voiture, très vite j’ai reconnu la route, prêt à m’enfuir refusant qu’elle aussi m’abandonne, mais elle a dit au véto : pollux est en pleine forme mais je voudrais que vous l’examiniez. Je fut tâté, vacciné, pesé … et … mis au régime, plus de gâteries sucrées, ni gras de jambon, ni nonoss …

Un jour ma douce se précipita sur moi en sanglotant, elle me dit qu’IL ne voulait plus d’elle, qu’IL déménageait ! IL n’avait su que se vautrer sur le divan et me menacer de m’attacher au bout du jardin, IL a quelqu’un d’autre, IL va se marier ! Ce souar là elle laissa la porte de sa chambre ouverte et j’ai rampé vers l’oreiller, elle tenait mon museau entre ses mains et me regardait … comme elle me regarde aujourd’hui … notre vie s’écoula toute douce comme, ma douce ! elle m’offrit une fiancée qui me donna un fils qu’elle baptisa brutus et qu’elle garda ! Au début je ne voulait pas de cette chose qui sentait le lait ! mais comme il me suivait partout, je lui ai appris à cavalcader dans le jardin, à aboyer aux oiseaux voleurs de cerises, il m’imitait en tout et dormait comme moa sur un coussin, et la douce riait … un soir brutus s’est enfuit du jardin et une voiture l’a chopé de plein fouet ! il est parti aux paradis des chiens ! chagrin de ma douce …j’ai 11 ans maintenant, et le véto ne peut plus rien pour moi, il a pris ma tête pour un câlin, et a brandi une seringue, les larmes de ma douce coulaient sur mes poils de joues … « titus et brutus t’attendent » dit-elle … bizarrement je la crois, nous l’avons aimé tous les 3 et nous allons pouvoir parler d’elle, notre douce … et puis je suis fatigué d’avoir mal !

Je vous fais touplin de gros poutoux et léchouilles (non pas de moa, d’alseth)