:wave: Le déni, c'est une minimisation de la consommation alcoolique:
- Je ne sais pas,
- Je ne bois pas plus qu'eux,
- Jamais le matin,
- Le week-end seulement,
- Jamais en dehors, etc.

:wave: Même chez le buveur "normal",

les révélations risquant d'éveiller le soupçon

sont soigneusement évitées. Le déni, n'est

donc pas forcément l'apanage des maladies

alcooliques ou buveurs excessifs, mais, un

mécanisme finalement assez ordinaire.

On est bien obligé de reconnaître, que loin de toute

volonté de mensonges, ainsi que de toute "notion" de

dépendance avérée, notre propre discours se trouve

parfois soumis à des déformations singulières !

:wave: Déni, dépendance et codépendance
La consommation d'alcool et l'alcoolisme, ne sont

pas des sujets neutres à aborder, même entre personnes

ne présentant pas de difficultés manifestes. Mais ce qu

i passe relativement inaperçu chez le sujet sans problème

passe très mal chez le malade alcoolique. Le décalage

entre l'observation de l'entourage et les dénégations du buveur

"Je suis à jeun" est perçu par les premiers

comme de plus en plus inacceptable.

Les petits rangements avec la réalité ne passent plus.

=> L'action de l'entourage n'est pas facilitée:
- Le respect de la vie privée,
- De quel droit en effet quelqu'un peut

se positionner en juge,
- Il s'agit peut-être d'un accident de parcours.

=>
Le milieu a aussi sa part de responsabilité dans

l'affaire car on sait bien que la fragilité de la personne

n'est que le symptôme d'un mal plus profond.

:wave: Ne pas oublier aussi tout le problème de

Codépendance qui favorise la chute et la rechute.

=>Le malade se cache et son entourage le cache

aussi (tolérance incroyable).
=> Il existe donc un tabou et la société étonnammen

t tolérante ferme les yeux sur une réalité qui dérange.
=> Il existe des étapes avant d'en arriver au repli

de l'alcoolique sur lui-même. C'est à partir du moment

où le déni prend une place prépondérante que l'alcoolique

commence à être pointé comme tel, comme si de

façon paradoxale le déni permet la description de la

dépendance. Mais avant que le déni ne prenne toute

sa valeur, l'individu a d'abord été un bon vivant, un noceur,

puis un bon buveur, les expressions hautes en couleurs

ne manquant pas. Et au fur et à mesure que le malade

entre dans le système dénégatif la maladie gagne du terrain.

En parallèle, tout se passe comme si l'entourage

n'avait de cesse de juger cette défense, jugée perverse,

afin d'obtenir l'aveu. Et le fossé s'élargit, chacun

campant sur ses positions.

:wave: Le déni: cercle vicieux

=> Le déni se constitue progressivement par la

répétition d'un cycle dont les différentes étapes

s'enchaînent et s'accélèrent au fur et à mesure de

l'évolution de la maladie.
=> Lorsque l'alcoolisation entraîne des conséquences

négatives, la souffrance apparaît. Elle peut être physique

(alcoolopathie) psychique (troubles anxieux, dépression)

socio-familiale (conjugopathie, difficultés professionnelles).

Contrairement à ce que l'on pense trop souvent, au moins

au début de son histoire avec l'alcool, le patient perçoit ces

difficultés et les relie à sa conduite d'alcoolisation.
=> L'analyse qu'il porte sur lui-même, comparée aux

représentations qu'il a de l'alcoolisme (ivrognerie,

clochardisation, image du bourreau domestique...)

provoque une auto- critique. Il s'agit bien évidemment

d'un jugement négatif où se mêle honte, culpabilité, rejet de soi.

Ces perceptions douloureuses vont pousser le sujet à

se prouver et à prouver aux autres qu'il n'est pas identique

à cette image. Le meilleur moyen d'y parvenir est de se

prouver qu'il n'est pas alcoolique... en régulant sa

consommation. Malheureusement, si le malade est

dépendant, il ne peut plus se contrôler et le déséquilibre initial

s'aggrave.
=> On comprend ainsi qu'un malade peut, alors que son corps

ne le porte plus, alors que son entourage l'a délaissé, affirmer

encore et toujours qu'il boit comme tout le monde.

Il ne s'agit pas d'un mensonge mais du maximum de

ce qu'il peut dire, ou alors il se tait.

:wave: L'apsychognosie
=> La répétition de ce fonctionnement psychique

explique que le malade perde progressivement la

capacité de se percevoir et de s'analyser. C'est

l'apsychognosie, trait psychique fondamental décrit

chez les alcooliques par Fouquet dans les années 1950.

Ce trouble est à l'origine de l'aggravation du comportement

d'alcoolisation qui aboutit à l'extrême à la mort physique

(lorsque le corps cède le premier) ou à la mort

psychique (lorsque l'apsychognosie est totale).

:wave: Sortir du déni: stratégies

=> Diverses stratégies peuvent être utilisées pour

faciliter la prise de conscience du sujet dépendant.

Un contrôle sanguin banal peut être un prétexte pour

l'évoquer. On peut également partir des habitudes alimentaires

, des problèmes ressentis par le sujet

(insomnie, impuissance...).
=> Les complications potentielles sont, pour certains

, l'occasion de prendre conscience des risques

de leur conduite d'alcoolisation. La survenue

d'un événement "grave" (conduite en état d'ivresse

et accident mortel, accès de violence incontrôlable... )

sont déterminants pour la volonté du patient.
=> L'écoute et le suivi ont une importance considérable

dans la prise en charge, alors que les prescriptions

médicamenteuses, elles, ne sont qu'adjuvantes

.En tout cas, quel que soit la modalité de la prise

de conscience, c'est le sujet lui-même qui doit

pouvoir envisager son propre sevrage.

Cette condition est une étape incontournable pour réussir.

:wave: Parler d'alcool: déjà un soin

=> Si la question reste difficile à aborder, c'est parce

qu'elle nous renvoie à nos propres représentations par

rapport à l'alcool. Chacun d'entre nous a, dans sa famille

, son entourage, si ce n'est avec lui-même, un problème lié

de plus ou moins loin à l'alcool. Tant que la société refusera

de se remettre en cause, le malaise persistera. La maladie

alcoolique est aujourd'hui cliniquement assez bien cernée.

Les recherches réalisées sur les neurotransmetteurs

ont permis de comprendre le phénomène d'alcoolisation

et de le lier aux autres modes d'addictologie. Des tests

d'évaluation et des questionnaires existent.
=> Pour dire alcool, il existe désormais des mots, des

questions et des réponses.

:wave: Rechute: le changement
=> Le déni de la pathologie est à l'origine de nombreuses

rechutes. La pathologie formant un tout avec le malade,

celui-ci a de la peine à faire la différence entre ce qui est

de sa personnalité et de ce qui est de sa pathologie.

La rechute vient donner de la valeur au phénomène de la

dépendance. Elle permet une prise de conscience plus

fine des forces et des faiblesses en jeu dans le processus

du changement. La rechute est une crise qui place

le malade devant sa perte de liberté vis à vis de l'alcool

(liberté physique et ou psychique). C'est une porte

d'accès à la thérapie. Soigner, c'est amener le patient à

mieux comprendre comment les différentes interactions

qu'il a construit avec son milieu familial ou professionnel,

ont pu le conduire à avoir recours de façon excessive à l'alcool.

Cette prise de conscience, nécessite à minima

une période d'abstinence. Cette période sera mise à

profit pour favoriser une réflexion sur les liens que le

malade a construit avec le produit alcool.

:wave: L'abstinence ne suffit pas

=> L'histoire naturelle des malades alcooliques

s'étale sur de nombreuses années. Le recours aux

soins se fait en moyenne 10 ans après le développement

d'une relation pathologique avec l'alcool. Les malades

n'ont en général pas attendu la rencontre avec le médecin

pour expérimenter diverses solutions afin d'améliorer

leur qualité de vie.
=> Malheureusement, le contrôle de la consommation

d'alcool chez les buveurs à problème et l'abstinence

chez les dépendants ne se prolongent pas souvent faute

d'un cadre thérapeutique et méthodologique. Ce cadre peut

être assuré par des groupes d'anciens buveurs ou des médecins.

Ce travail a pour but de décrire une méthodologie

adaptée à la rencontre individuelle entre malade

alcoolo-dépendant et médecin traitant. Il repose sur

le constat que la seule suspension d'alcoolisation

ne suffit pas à améliorer la qualité de vie des alcoolo-dépendants

et qu'il est possible d'aider le patient à consolider

son abstinence par une relation d'aide, intervenant

au niveau cognitif, émotionnel, et comportemental