Un petit bonjour de Guyane,
Ici tout se passe bien, déjà un mois de passé. Mon quotidien se résume à faire la chasse aux orpailleurs dans la foret, je rentre d'ailleurs tout
juste d'une mission de six jours en foret. Jusqu'à présent, j'ai passé
deux fois plus de nuits en foret sur un hamac, que dans mon lit à
Camopi. En Guyane, il y a beaucoup d'or dans le sol, et qui dit or dit
clandestins, garim peros comme on les appelle ici.
Ce sont principalement des surina miens et des brésiliens. Pour ma part, ce sont des brésiliens, car on est sépare du Brésil par un fleuve qui se nomme l'Oyapoque. Leurs manière de faire est simple, ils approvisionnent des chantiers clandestins en foret, aussi bien en matériel qu'en nourriture. Actuellement, des postes de contrôle fluviaux sont mis en place, le problème c'est qu’ils les contournent à pied à dos d'homme, et ils rechargent sur d'autres pirogues au plus près de leurs sites. En ce moment il y a une grosse volonté politique de mettre fin à cet orpaillage illégal. Il faut savoir qu'en Guyane, chaque année, 10 tonnes
d'or sont extraits légalement (oui il y a quand même des sites légaux)
et on estime à 2 tonnes par an d'orpaillage illégal. A 30 euros le
gramme d'or, je vous laisse faire le calcul de perte sèche pour l'état
français, sans parler du problème écologique que cela crée, car il
sépare la poudre d'or des sédiments avec du mercure qu'ils rejettent
dans les rivières, sans parler de la déforestation. Donc je pars en
foret, en autonomie complète, c'est à dire de quoi coucher manger pour
la durée de la mission et quatre litres d'eau, ce qui fait un sac à dos
d'environ entre 20 et 25 kg s au départ. On marche environ 2 jours, (08
heures par jour) très lentement d'une part du au poids, mais ici il n'y
a pas de route, que des layons de 60 centimètres de large quand il y en
a. La Guyane n'étant pas plate, cela met encore plus de temps (à titre
d'exemple, 2500 mètres de dénivelé positif en six jours) On avance de
1,3 km/heure sur un layon, 700m par heure si il n'y a pas de layon. La
mission dont je rentre se situait à 12 k ms du lieu de dépose en
pirogue. Donc on marche de 07heures à 12 heures, avec une pose de 10mn toutes les heures. A 16h15, on arrête en essayant de trouver une zone de bivouac convenable, c'est à dire avec une crique (un petit cours d’eau), ce qui n'est pas toujours le cas, d'ailleurs sur mes 05 nuits passées en foret, 02 sans crique. Donc lorsque l'on a trouvé notre zone, on s'installe (bâche, Hamac avec moustiquaire), ensuite on lave notre
treillis dans la rivière au savon de Marseille, puis l'individu dans
cette même crique toujours au savon de Marseille, et ensuite on boit
encore cette eau car on ne peut pas partir avec suffisamment d'eau pour
la mission. Bien sur on possède de cachets qui sont censés neutralisés les bactéries. Ensuite on mange, et dodo de bonheur car de toute façon à 18h30 il fait nuit en foret. Réveil à 06h00, sans oublié la garde de la
nuit (mais nous ne sommes pas seuls, car nous partons à 5 gendarmes et un groupe de huit militaires) Départ à 07 heures et c'est reparti.
Ensuite on se rend sur les sites, on interpelle si on y arrive, on brule
les carbets, on détruit leur matériels (motopompe, groupe électrogène,
nourriture...) Ensuite on fait retour. Cela reste comme on s'en doute
quelque chose de très physique, mais néanmoins très intéressant, et en fait ça c'est la vrai Guyane. Au moins lorsque je rentrerais en
métropole et que je verrais des campeurs, je pourrais les traiter de
"PD". Voilà un aperçu de mon quotidien en Guyane. La prochaine fois je
vous parlerais de l'endroit où on vit à Camopi, une zone protégée ou
l'on trouve encore un des rares peuple à vivre avec des vieilles
traditions chasse pêche, il s'agit des amer- indiens. Sinon tout va bien
ici, bientôt à la moitié du déplacement. Je commence à avoir mal aux
doigts, alors j'arrête d'écrire.
Fabien