Je mange une poignée de terre, si je mens, je meurs !
Nous nous apprêtons à partir en soirée, mon cher et tendre demande à Abdoulaye le gardien de remplir le réservoir de la voiture de gas-oil. Le niveau est loin d’être en alarme mais il faut prendre des précautions car il y a des endroits bien stratégiques où il ne fait pas bon de tomber en panne, tels la Présidence, les camps militaires. Tous les jours nous passons devant ces endroits. Une chose dont je me méfie c’est le lever des couleurs. Je me souviens un jour avoir freiner en catastrophe lorsqu’un militaire est arrivé pointant sur moi sa kalachnikov. J’ai eu plus de chance que mon amie Michelle qui avait été giflée avec violence parce qu’elle avait trop tardé à acheter son pain et que le cortège présidentiel allait passer. Mais qu’est-ce que j’ai eu peur.
Abdoulaye nous dit que c’est bon à partir. Contents de retrouver nos amis nous prenons la route. Mais voilà que le moteur se met à tousser, puis s’arrête … Il fait nuit. Nous avons passé la Présidence et sommes dans la rue principale : la rue du Général de Gaulle. Ouf !
La voiture est poussée par une cohorte de gamins dans la cour d’un de nos amis restaurateurs. La soirée se poursuit malgré tout dans la bonne humeur.
Mon mari dès le lendemain matin avec un garagiste regardent ce qui a bien pu se passer. Et là surprise, en vidangeant le réservoir. Ils récupèrent 40 litres d’eau avant que le gas oil ne réapparaisse. Après avoir purgé le circuit le moteur redémarre tout à fait normalement.
Interrogé le gardien répond que le gas oil étant stocké depuis plus de deux mois s’était transformé en eau. Eberlués, nous avons vu l’effronté manger une poignée de terre pour prouver la véracité de ses dires.
Après les bandits cui-cui, les poules qui ne pondaient que le dimanche, jour de congé de notre Abdoulaye, (et, et, et j’en ai oublié) nous avons décidé de renvoyer notre gardien car bien que musulman il était souvent saoul et nous laissaient souvent dans la rue et c’est le brave gardien de la maison d’à côté qui sautait par-dessus le mur pour nous ouvrir. A l’Inspection du Travail il raconta son histoire très fier de lui et sûr de recevoir des indemnités ce qui lui permettrait d’acheter un petit restaurant. Il reçu trois mois de salaires.
Malgré tout j’ai eu un pincement au cœur lorsqu’il nous a quitté définitivement …
Depuis nous avons pris des gardiens d’une société privée. Il y a moins de problèmes administratifs, mais les bêtises sont les mêmes… Je me disais que ces drôles d’histoires racontées par notre amie Soyotte aurait une autre tournure.
Bonne nuit
Bisous