Une vingtaine de personnes, dont plusieurs femmes, ont été interpellées hier à l'aube en Isère par les gendarmes de la section de recherches de Grenoble, épaulés par des unités territoriales, par la SR de Chambéry et par le GIGN. Ce coup de filet réalisé par une centaine de militaires a visé un réseau de malfaiteurs présumés, dont certains sont considérés par la justice comme des membres du milieu grenoblois. Selon nos informations, les arrestations ont essentiellement eu lieu dans la région grenobloise, les victimes étant basées en Isère, en Savoie et en Haute-Savoie.
L'enquête a débuté à l'été 2006 à la suite d'une plainte déposée pour racket par un commerçant: deux magistrats instructeurs lyonnais et grenoblois ont été saisis conjointement après l'ouverture par le parquet d'une information "pour extorsion de fonds en bande organisée".
L'enquête, totalement distincte des divers dossiers de réglements de comptes survenus dans la région grenobloise (9 morts depuis février 2007), s'est rapidement orientée vers les milieux de la grande délinquance.

Les méthodes traditionnelles du milieu

Hier à l'aube, les gendarmes ont opéré de façon simultanée en de multiples lieux de l'agglomération.
Trois hommes considérés par des sources judiciaires concordantes comme des "pointures" du milieu et soupçonnés d'être à la tête de l'organisation visée, ont été interpellés, notamment dans la région de Voreppe.
Un quatrième suspect, un truand grenoblois fiché au grand banditisme, a été arrêté avec l'aide du GIGN dans le Grésivaudan. Un ancien sportif de haut niveau aurait également été appréhendé. D'autres arrestations ont été menées à Claix et à Grenoble, visant notamment des commerçants considérés comme des hommes de paille de l'équipe.
Selon une source judiciaire lyonnaise, les suspects opéraient en douceur en exerçant d'"amicales pressions" sur leurs victimes, des commerçants et des industriels de la région. Ils leur imposaient par exemple des services dont ils n'avaient pas besoin en leur garantissant, en retour, une protection efficace: des méthodes traditionnellement utilisées par les milieux du banditisme dans le sud-est de la France.
Les enquêteurs observent un mutisme total sur cette affaire mais, d'après un interlocuteur fiable, le nombre de victimes recensées pourrait s'élever à une vingtaine. Selon cette même source, les gendarmes tenteraient également de mettre au jour diverses opérations de blanchiment réalisées par cette organisation présumée.
Pendant toute la matinée d'hier, des perquisitions ont été menées au quatre coins de l'agglomération grenobloise. Certains proches des suspects font partie des personnes placées en garde à vue. Le cadre judiciaire de l'enquête permet aux gendarmes de prolonger cette garde à vue jusqu'à 96 heures.