une petite visite sur JERUSALEM le jour des rameaux
ville de lumière dorée
Le mont des Oliviers
Le mont des Oliviers est une colline d’environ 800 mètres d’altitude située juste à côté de Jérusalem, à l’est de la ville, et séparée d’elle par la vallée du Cédron. Dans l’Antiquité, la région était riche en oliveraies, et le mont des Oliviers doit sans doute son nom aux plantations extensives qui devaient s’y trouver. Cette colline n’est mentionnée qu’à quelques endroits dans l’Ancien Testament, habituellement désignée comme « la montagne en face de Jérusalem ». C’est le mont des Oliviers que le roi David gravit en pleurant, pieds nus et la tête voilée, lorsqu’il fuit son fils Absalom qui s’était révolté contre lui (2 S 15,30). C’est là aussi que le roi Salomon fit ériger des autels en l’honneur de dieux étrangers (1 R 11,7), sanctuaires que le roi Josias fera détruire lors de sa réforme (2 R 23,13).
La vieille ville de Jérusalem, derrière laquelle on aperçoit le mont des Oliviers.
(photo : C. Boyer)
Dans le Nouveau Testament, le mont des Oliviers est associé à quelques épisodes des derniers jours de la vie de Jésus. Lorsque Jésus vint à Jérusalem en compagnie de ses disciples à l’occasion de la Pâque, il résida à Béthanie (Jn 12,1), un village situé sur le versant est du mont des Oliviers. C’est non loin de là que Jésus, avant son entrée à Jérusalem, envoya des disciples chercher un ânon (Mc 11,1-2), et c’est lorsqu’« il approchait de la descente du mont des Oliviers » que Jésus fut acclamé par ceux qui l’accompagnaient, selon Luc (19,37). C’est aussi à partir du mont des Oliviers que Jésus contemple les grandes constructions du temple et qu’il en annonce la destruction prochaine (Mc 13,1-3). C’est encore vers cet endroit qu’il se dirige après son dernier repas (Mc 14,26), parvenant « à un domaine du nom de Gethsémanie » (verset 32), qui signifie « pressoir à huile » en araméen. L’évangéliste Jean mentionne un jardin, « de l’autre côté du torrent du Cédron » (18,1), où Jésus passa les dernières heures avant son arrestation.
La procession du Jour des Rameaux à Jérusalem débute en haut du mont des Oliviers
et se termine dans la vieille ville. (photo : C. Boyer)
On retrouve plusieurs églises sur le mont des Oliviers. Il y a l’église du Dominus Flevit, bâtie à l’endroit où, selon des chrétiens à l’époque médiévale, Jésus aurait pleuré sur Jérusalem (Lc 19, 41). Il y a aussi l’église de Toutes les Nations, en contrebas, au lieu présumé de l’agonie de Jésus (Mc 14,35-36), et dont le jardin clôturé protège quelques très vieux oliviers. Il y a encore l’église du Pater Noster, érigée au-dessus d’une grotte, la « grotte des enseignements », qu’une pieuse tradition identifie comme étant le lieu où Jésus aurait enseigné à ses disciples la prière du Notre Père (Mt 6,9-13 // Lc 11,2-4). Le cloître de l’église contemporaine est décoré de panneaux sur lesquels ont peut lire la prière du Notre Père en soixante-deux langues.
Le Notre Père en hébreu et en finlandais, dans le cloître du Pater Noster.
(photo : C. Boyer)
Le mont des Oliviers est aussi associé à l’ascension de Jésus au ciel. Luc est le seul évangéliste à rapporter cet épisode (24,50-52), et dans son second ouvrage, les Actes des Apôtres, il le situe sur le mont des Oliviers (1,9-12). L’église russe de l’Ascension commémore donc cet épisode, mais on trouve aussi... une mosquée de l’Ascension! Rappelons que pour les musulmans, Jésus est un grand prophète ; selon le Coran, Jésus n’est pas mort crucifié, « mais Dieu l’a élevé vers lui » (sourate IV,157-158). Dans cette mosquée de l’Ascension, on peut voir une trace sur le sol ; selon une légende, il s’agirait de l’empreinte d’un pas que Jésus aurait laissée avant de s’élever vers le ciel...
La mosquée de l’Ascension.
(photo : C. Boyer)
C’est entre Jérusalem et le mont des Oliviers, dans la vallée du Cédron, que ceux qui s’intéressent à l’époque de Jésus trouvent les monuments anciens les plus authentiques au niveau historique : les tombeaux d’Absalom, de Zacharie et celui appelé « de la fille du Pharaon ». Ces tombes ont été érigées au IIe et Ier siècle avant notre ère. Ce sont bien sûr des cénotaphes, des tombes qui n’ont jamais contenu le corps des individus pour lesquels elles ont été construites, mais ce sont les seuls monuments de la région que Jésus a pu voir de ses yeux et qui sont restés intacts (quoique endommagés) jusqu’à notre époque.
La vallée du Cédron et ses tombeaux (en avant-plan), derrière lesquels on aperçoit le cimetière juif (à droite) sur la pente occidentale du mont des Oliviers. (photo : C. Boyer)
Au « jour de Yahvé », Dieu se tiendra sur le mont des Oliviers, peut-on lire chez le prophète Zacharie : « En ce jour-là, ses pieds se poseront sur le mont des Oliviers... et il se fendra par le milieu » (14,4). Selon le prophète Joël, c’est dans la vallée de Josaphat que Dieu siégera pour juger les nations (4,12). Cette vallée, dont on ne connaît pas l’emplacement et qui signifie littéralement « Yahvé juge », a été associée à la vallée du Cédron. Juifs, chrétiens et musulmans y ont chacun leur cimetière ; les gens enterrés à cet endroit auront la chance, croit-on, d’être les premiers à ressusciter lors du Jour du Jugement... Le cimetière juif du mont des Oliviers est le plus ancien cimetière juif au monde, peut-être aussi le plus grand.
Jérusalem, vue du mont des Oliviers, avec, en avant-plan, une partie du cimetière juif.
(photo : C. Boyer)
On trouve également de vieilles tombes plus haut sur le mont des Oliviers. Des fouilles archéologiques ont révélé la présence, sur le terrain du Dominus Flevit, d’un grand cimetière utilisé au Bronze récent (environ 1500 ans avant notre ère) et qui fut réutilisé à l’époque de Jésus. Non loin de là se trouvent aussi les « tombeaux des prophètes », qui doivent leur nom à une légende juive qui circulait au Moyen Âge et selon laquelle certains prophètes de l’Ancien Testament auraient été inhumés à cet endroit. Ce sont des catacombes comportant une trentaine de tombes creusées dans le roc et qui étaient elles aussi utilisées à l’époque de Jésus.