le charbon et les hommes
" Montceau-les-mines est un fossé
d'effondrement à sédiment fluvio-lacuste continue du Stéphanien B au
Saxonien. Pendant cette période le climat est passé d'un régime équatorial
à un régime tropical."
C'est sur les bordures de ce grand lac tropical à la végétation luxuriante
que s'est formé le charbon. Une succession de failles en relation avec un
apport important de sédiments provenant des montagnes avoisinantes ont
fait que ces couches de charbon se sont trouvés souvent cassées et
décalées, rendant beaucoup plus complexe l'exploitation .
Le charbon a été exploité dans le bassin houiller de Blanzy - Le Creusot
depuis le milieu du XVIIIème siècle, tout d'abord de manière sporadique
sur les affleurements puis de manière aussi intensive que
désordonnée après les années 1830 .... cette époque marque le début d'une
grande aventure économique régionale capitale et incontournable.
Sur la bordure nord se trouve le Bassin du Creusot exploité par les
Schneider . Entre 1800 et 1943, 67 puits furent mis en extraction
pour une production totale de 13 millions de tonnes
Le Creusot en 1857 d'après un tableau de Bohommé
Sur
la bordure Sud
- la concession de Saint Bérain
( historique ) exploité de
manière industrielle de 1838 à 1900 - production 330 000 tonnes de charbon
La concession de Longpendu ... exploité de 1825 à 1913 - 6 puits et 1,4
millions de tonnes de charbon
La concession de Montchanin exploité entre 1825 et 1913
15 puits et 5 millions de tonnes de charbon extrait
Montchanin d'après un tableau de Bohommé en 1857
La concession de Blanzy Montceau exploité entre 1828 et 1986 .... 180
puits et 215,5 millions de tonnes de charbon exploité ..
Le puits Saint Eugénie en 1900 initialement appelé Puits Cinq Sous en
raison de la prime spéciale qui était accordée aux mineurs tant les
accidents étaient nombreux et le danger permanent .... il restera pour beaucoup de famille de
mineurs le puits du malheur .... les catastrophes ont succédés aux
catastrophes pour faire de nombreuses victimes notamment le 12 décembre
1867 où un "coup de grisou" provoqua la mort de 89 mineurs -
Bien maigre consolation et hypocrisie des grands de ce monde ....
le Puits Cinq Sous sera rebaptisé Puits Sainte Eugénie le 23 février 1868
en souvenir de " l'intervention bienfaisante de
l'Impératrice Eugénie en faveur des victimes de l'accident du 12 décembre
1867" ...
Et les accidents ont continués 39 victimes en 1872 et encore 28 en 1895 ....
Quand nous étions enfants dans le début des années 50 ... le supposé emplacement de
l'ancien puits Cinq Sous était appelé " les crassiers" par les familles de
mineurs ... Une forte odeur de souffre se dégageait des fumerolles
et la nuit on découvrait les houillères embrasées dans lesquels
apparaissait de partout une multitude de feux follets qui sortaient du sol .... c'était le lieu des "galipotes",
des esprits
et des dangers .... Enfoui profondément dans la mémoire populaire ... le
souvenir des disparus hantait les vivants et nos parents nous mettaient
régulièrement en garde car c'était le lieu maudit .
Nous ne nous doutions
pas que quelques années plus tard .... le malheur
frapperait encore .... le 16 janvier 1958 au matin ... Nous étions au lycée quand
les sirènes nous ont glacé le sang ... il y avait eu un coup de grisou au
Puits Plichon .... nous sommes sortis pour rencontrer la panique et
la peur dans les yeux de tous .... chacun voulait savoir et comprendre
alors nous assistions à
des convois d'ambulances transportant les grands brûlés ....
il y avait 20 victimes ...
Comme tous les jeunes enfants de mineurs ... j'ai alors ressenti les
blessures ... j'étais dans un même temps imprégné de haine et de fierté ....
oui ... j'étais révolté de constater que des hommes mourraient pour
subsister et j'étais fier d'appartenir à cette "communauté de la mine" où
les mots solidarité et responsabilité étaient bien réels et vivants ....
en effet, après le drame toute la population s'est mobilisée
et organisée ... elle n'avait nul besoin "de
grands gourous technocrates et de plan
machin" ... elle n'avait pas besoin de "psycho-chose
institutionnel" ... tous les constituants directs et indirects de
la communauté de la mine étaient présents, unis et solidaires ...
direction, médecins, ingénieurs, chefs, mineurs, voisins,
parents, enfants ... ... et dans la dignité chacun faisait ce qu'il avait à
faire .... il n'y avait plus de hiérarchie ... tous étaient au service des
victimes et des familles durement touchées ...
Puis la vie et les impératifs économiques reviendront vite au
premier plan et viendra aussi le temps de la récupération par les "bons" ,
les "gentils", les "intelligents", "ceux qui savent
et pensent qu'il faut éduquer la masse ", et "ceux qui sont
dressés pour changer les gens" .... Quelle école de vie ... cette mine .... !
Quelle chance j'ai eu que mes parents ne soient pas riches.... !
j'avais 15 ans .... et c'est comme cela que j'ai ressenti ce drame
.... Je saurai m'en
rappeler ... et oeuvrer contre la fonctionnarite.
LE JOUR DU COUP DE GRISOU MON PERE NE TRAVAILLAIT PAS C EST LE HASARD UN COPAIN LUI AVAIT DEMANDER DE CHANGER DE POSTE ? CHOSE QUI A ETE FAITE ET CELA A SAUVER MON PERE
PENDANT LES 2 GUERRES LES FEMMES TRAVAILLAIENT A LA MINE POUR REMPLACER LES HOMMES PARTIS
MA GRAND MERE MATERNELLE TRIEE ET LAVEE LE CHARBON