L'excision au Tchad, tout comme le mariage précoce, est une pratique encore bien ancrée dans les traditions.
             On excise une fille pour freiner son ardeur sexuelle afin de  l’amener vierge au mariage. Dans la société tchadienne une femme non excisée est perçue comme une personne impure, elle sera marginalisée et méprisée de tous. Elle ne sera pas autorisée à se marier, ni ne pourra préparer le repas de la famille. Dans la rue, au marché, à l'hôpital, elle ne passera pas inaperçue et sera la risée du village et montrée du doigt.

         L'OMS estime que, dans le monde, 100 à 132 millions de filles et de femmes ont subi des mutilations sexuelles. Chaque année, 2 millions de filles supplémentaires risquent de connaître le même sort. La plupart d'entre elles vivent dans 28 pays africains, un plus petit nombre au Moyen-Orient et dans des pays d'Asie. Mais on en trouve de plus en plus en Europe, au Canada, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis d'Amérique

          En effet, l’excision et sa variance plus large connue sous le nom de mutilations génitales féminines (MGF), c’est l’ablation partielle ou complète des organes génitaux féminins. Les filles et les jeunes femmes soumises à cette pratique encourent, pour leur santé et leur vie, des risques énormes dont la transmission             des maladies, les incommodités lors des relations conjugales, les complications lors des grossesses et des accouchements et même les décès sont les cas les plus répertoriés. Elles vivent donc un traumatisme physique et psychique indescriptible.

          Au Tchad, les parents font exciser leurs fillettes de moins de 10 ans, car plus âgées, et mieux informées, elles ne se laissent plus faire aussi facilement.

Ce qui suit n'est pas destiné aux âmes sensibles …

           ..."Mariam est l'une des nombreuses exciseuses clandestines qui exercent encore dans le pays. Pendant l'intervention, nue dans la chambre dont les ouvertures ont été masquées de rideaux blancs, assise sur une natte face à l'exciseuse, Amina terrorisée ferme les yeux et serre les dents pour contenir sa douleur. A l'entrée, des femmes entonnent une chanson à son nom et égrènent une liste de cadeaux qu'elle aura si elle ne pleure pas. Zenab passe à son tour. Comme sa cadette, elle réussit à étouffer ses pleurs. Chaque mois, Mariam excise ainsi une dizaine de fillettes" ... (lu dans un journal local)

          Une loi adoptée en 2002 interdit et punit  la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants, sur le corps humain en général et les organes de reproduction en particulier. Sont donc visées "toutes les formes de violences telles que les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, les violences domestiques et les sévices sexuels".

          Le rôle d'exciseuse est un véritable métier qui se transmet de mère en fille au sein d'une même famille. L'exciseuse est une vieille femme soit accoucheuse villageoise, matrone, sorcière ou de la famille des forgerons. Dans certaines communautés, elle devra être nécessairement ménopausée. En tant que métier, l'excision devient nécessairement une source de revenus indéniable.»

          70 % des Tchadiennes ont ainsi été excisées avant 9 ans. "J'ai été excisée et je suis mère de 12 enfants sans avoir connu le moindre problème", plaide Mariam, l'exciseuse, pour qui "les Occidentaux crient contre cette pratique simplement parce qu'elle ne fait pas partie de leur culture".

          Avec les campagnes de sensibilisation menées depuis quelques années, par des associations,  de plus en plus de Tchadiens expriment à présent librement leur opposition aux MGF.

            Pour mémoire :

• oncision ou "sunna" : ablation du prépuce et du gland du clitoris. C'est la seule opération qui, médicalement, peut être comparée à la circoncision chez l'homme.
• Excision ou clitoridectomie : ablation du clitoris et, souvent, des petites lèvres. Cette opération, la plus fréquente, est pratiquée partout en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et dans la Péninsule arabe.
• Infibulation ou circoncision pharaonique : Cette opération, la plus sévère, consiste en une excision et en l'ablation des grandes lèvres et en le scellement des deux bords, au moyen de points de suture ou en permettant une soudure naturelle des tissus de la cicatrice. Il en résulte une surface très lisse, avec une petite ouverture permettant la miction et le passage des menstrues. Cette ouverture artificielle est, parfois, à peine plus grosse que la tête d'une allumette.

      Voilà pourquoi j’ai voté pour Inna Modji.