Vous et moi sommes des hors-la-loi !

                Cette ordonnance de police du 26 brumaire an VIII (17 novembre 1799),interdit le port du pantalon. Elle est signée par le préfet de police de Paris

"toute femme désirant s'habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l'autorisation...". "...Cette autorisation ne peut être donnée qu'au vu d'un certificat d'un officier de santé...".

                Au XIXe, furent  créés bermudas et culottes pour dames. Auparavant, les femmes ne portaient rien en dessous de leurs robes. »

                George Sand,   résolument avant-gardiste, doit elle aussi se soumettre à la demande d’autorisation, elle aimait s’habiller en homme.  

                En 1892 et 1909 deux circulaires préfectorales autorisent le port féminin du pantalon si  la femme tient par la main un guidon de bicyclette, ou les rênes d’un cheval !

                Dans les années 1970, le pantalon se popularise. Le célèbre Blue jeans débarque des Etats-Unis et rencontre jusqu’à nos jours un franc succès.

                A  l’Assemblée nationale, les députées ne seront autorisées à venir en pantalon qu’en 1980.

                Côté entreprise, le code du travail (article L. 120-2) permet à l’employeur d’imposer la jupe s’il en justifie clairement les raisons. Vendeuses, hôtesses de l’air... de nombreuses femmes se conforment encore à ces règles d’un autre temps pour l’image de marque de leurs employeurs.

Serions-nous dans l’illégalité ?

                Techniquement oui et les sanctions ne sont plus appliquées. L’ordonnance est tombée en désuétude.

                                Qu’attend-on alors pour abroger cette ordonnance illégale ? En 1968, le préfet de police avait refusé de le faire. Plus récemment en 2004, le député UMP Jean-Yves Hugon avait reformulé cette demande auprès de la ministre déléguée à la Parité. Cette dernière lui avait répondu que c’était inutile :

« Pour adapter le droit à l’évolution des mœurs, la désuétude est parfois plus efficace que l’intérêt. »

                J’ai moi-même été confrontée à une situation que je trouvais injuste car j’ignorais totalement cette loi.

                Appelée chez le Directeur de la Banque où j’étais employée, je suis restée sidérée lorsqu’il me dit que je ne devais pas porter de pantalon au travail. J’ai eu beau lui expliquer que je trouvais confortable le port du pantalon car je  faisais la route en Solex, soit 14 kilomètres pour me rendre sur mon lieu de travail. J’étais déçue car je m’étais offert un ensemble pantalon à rayures tennis que j’avais acheté « à La Hutte ». Le Directeur inflexible m’a dit que je pouvais faire la route habillée comme bon me semblait mais que je devais me changer arrivée à la Banque, aux vestiaires. Peu après mes parents m’ont acheté une voiture. Cela s’est passé en 1962 mais la loi n'a pas plus avancée !