Alors que demain la France va commémorer le 90ème anniversaire de l'Armistice de 1918, un rapport émis par l'historien André Kaspi, dénonce la multiplication des commémorations depuis ces dernières années.
Aujourd'hui, le calendrier des commémorations nationales en compte douze, dont la plupart ont été instaurées par Jacques Chirac. C'est à l'ancien président de la République que l'on doit par exemple la journée de l'abolition de l'esclavage, ou encore l'hommage aux morts d'Algérie et à ceux d'Indochine.
Or, selon la commission Kaspi, "il n'est pas sain qu'en l'espace d'un demi-siècle, le nombre de commémorations ait doublé. Il n'est pas admissible que la Nation cède aux intérêts communautaristes et que l'on multiplie les journées de repentance pour satisfaire un groupe de victimes". Le rapport préconise ainsi de ne garder que trois célébrations : 11 novembre, le 14 juillet et le 8 mai, trois jours fériés et qui le resteront.
"Le 11 novembre pour commémorer les morts du passé et du présent, le 8 mai pour rappeler la victoire sur le nazisme et la barbarie, le 14 juillet qui exalte les valeurs de la Révolution française", dit le texte.
Les autres dates feraient simplement l'objet de commémorations locales ou régionales.
Une proposition que rejette d'emblée le secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants.
"Tant qu'il y a des gens qui seront mobilisés autour d'une date, y compris des dates traduisant des événements terribles de la deuxième guerre mondiale comme la Shoah par exemple, eh bien, il faudra préserver ces dates", a estimé Jean-Marie Bockel dimanche sur France Info. Et d'ajouter : "Toutes les dates ont leur importance".
Même son de cloche du côté du patron des députés UMP. "Je suis totalement hostile à supprimer les rendez-vous nationaux de commémoration", a déclaré Jean-François Copé au micro de Radio J. "Je vais sans doute paraître conservateur mais tant pis. A un moment où nous sommes en train de réfléchir à comment reconstituer une identité française, imaginer qu'on puisse le faire en foulant aux pieds des éléments majeurs de notre histoire, c'est un contresens vraiment très fort", a-t-il poursuivi.
Des déclarations qui rassurent les associations comme le Comité national des Harkis. Les supplétifs de l'armée française pendant la guerre d'Algérie ont obtenu de haute lutte leur journée nationale, et aujourd'hui, ils refusent d'y renoncer.
Une préconisation du rapport Kaspi a toutefois retenu l'attention du gouvernement : il faut redonner vie et attractivité à des célébrations parfois ennuyeuses. La commission Kaspi souhaite moderniser les commémorations et y associer davantage les écoles.

Les dates de commémorations nationales :
- Journée de la Déportation : dernier week-end d'avril
- La libération de 1945 : 8 mai
- Abolition de l'esclavage : 10 mai
- Fête nationale de Jeanne d'Arc : deuxième dimanche de mai
- Hommage aux morts de la guerre d'Indochine : 8 juin
- Hommage à Jean Moulin : 17 juin
- Appel du général de Gaulle : 18 juin
- Révolution française : 14 juillet
- Hommage aux Justes de France : 16 juillet
- Hommage aux Harkis: 25 septembre
- Armistice : 11 novembre
- Hommage aux morts de la guerre d'Algérie : 5 décembre