Un enfant de 12 ans parcourt 150 km au volant  : les détails de ce périple

mardi 01.06.2010, 05:10 - PAR NICOLAS ANDRÉ ET SÉBASTIEN DUMOULIN

| ESCAPADE |

La folle cavale d'un garçon de douze ans s'est arrêtée, dimanche vers 20 heures, alors qu'il retournait vers le domicile de ses parents après 150 kilomètres au volant d'une automobile.

L'enfant venait de prendre la sortie de l'autoroute A1 vers Arras (sens Lille - Paris) lorsqu'il a finalement stoppé sa voiture près du restaurant L'Aquarium, sur la D 950. Le jeune garçon a répondu tout naturellement aux appels de phares des gendarmes qui avaient pour consigne de ne pas l'affoler afin d'éviter un accident.

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Sous l'effet d'un coup de colère, l'enfant avait emprunté l'Opel Corsa de sa grand-mère plus de trois heures auparavant à Achiet-le-Grand, près de Bapaume.

Après avoir constaté son absence, ses parents ont d'abord cherché dans le voisinage et l'ont heureusement croisé non loin, sans toutefois parvenir à l'arrêter. Mise au courant, la gendarmerie a ainsi pu tout de suite écarter la piste de l'enlèvement et déclencher un énorme dispositif d'alerte.

Aux compagnies de gendarmerie de Bapaume et d'Arras se sont joints la brigade motorisée, le peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie d'Arras et du centre opérationnel. Également en alerte, un hélicoptère de la gendarmerie d'Amiens s'est déplacé sur le site malgré une météo défavorable.

Enfin, la société d'autoroutes SANEF a participé aux recherches, lançant des appels sur sa fréquence 107.7, ainsi que sur ses panneaux d'information.

Il commande un burger au « drive-in »

Plus le temps passait, plus l'inquiétude grandissait. L'enfant avait en fait rejoint l'autoroute à Fresnes-lès-Montauban et poursuivi sa route jusqu'à Cysoing, où réside son grand-père. Ce n'est pourtant pas là qu'il sera appréhendé. Le garçon aura même pris le temps de commander un burger au « drive-in » d'un fast-food à Seclin, avant de s'en retourner sur l'A1. L'enfant ferait, paraît-il, physiquement plus que son âge.

Heureusement, l'affaire s'est conclue sans accident. L'histoire est peu banale, mais pas sans précédents. Un cas similaire a été enregistré à Lyon, le 11 avril. Un enfant de 11 ans allumait tranquillement une cigarette lorsqu'il s'est fait arrêter au volant de la voiture de ses parents. Et en mars, à Montluçon (Allier), les forces de l'ordre arrêtaient une Safrane conduite par un enfant de 12 ans qui ramenait son père, ivre.

« Ça reste une situation extrêmement rare », assure Élise Bozzolo, substitut du procureur au tribunal d'Arras. Souvent, les mineurs commettant ce type d'infractions sont des adolescents de 16 ou 17 ans pressés d'obtenir le permis.

« Le contexte ici est différent. Il s'agit d'un enfant qui ne se sent pas bien chez lui et qui a déjà fait plusieurs tentatives de fugue », explique la magistrate. Appréhendé par les gendarmes, le garçon avait effectivement déclaré en avoir « ras le bol ».

L'apparente maîtrise de l'enfant au volant est surprenante, surtout que ses parents assurent ne pas lui avoir appris à conduire. Ces derniers, qui auraient été responsables au civil en cas d'accident, ne risquent en revanche rien sur le plan pénal. « S'il était avéré que les parents avaient remis volontairement les clefs à l'enfant, ils seraient poursuivis pour complicité de conduite sans permis, mais ce n'est pas le cas », justifie Élise Bozzolo. Les adultes seront en revanche convoqués avec leur fils devant le juge pour enfants, qui pourra décider de mesures éducatives et se pencher sur le fonctionnement de la famille. •