Bonjour à toutes
Comme vous le savez peut-être, j'ai toujours été intéressé par l'écriture, et depuis quelques mois, je me suis lancé dans l'élaboration d'un petit truc qui me tenait particulièrement à coeur.
Et bien, voici un petit texte qui en est ressorti. J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire, alors j'espère bien que vous prendrez tout autant de plaisir à le lire !
N'hésitez pas à laisser vos remarques, à dire ce qui pourrait être amélioré ou rajouté, je suis ouvert à toutes les critiques :D
Bonne journée à vous, et bienvenue au Londres de l'époque Victorienne ! ♥
Edit : Pour mieux se mettre dans l'ambiance, je vous encourage à écouter ceci en même temps, sensation garantie. ;D
Prologue : Peur du noir ? C'est sage
Pénombre et brouillard n'avaient jamais fait bon ménage. Un long frisson parcourut mon échine, et cela ne venait pas du froid. Non, j'étais paré contre celui-ci. C'était quelque chose d'autre, qui l'avait provoqué. L'indicible peur, de parcourir les ruelles étroites d'une ville aux milles intrigues. Et pourtant j'étais là, mon haleine s'exhalant en lourdes volutes.
J'arrivais toujours à entendre la rumeur de quelques discussions, des hommes honnêtes se reposant autour d'un verre. Après tout, qui serait insensé au point de vagabonder dans les rues à cette heure de la nuit ? Avec cette pluie et cette brume, c'était un coup à disparaître pour ne plus jamais revenir.
Et j'étais là. Là dans les rues, car il n'y avait rien d'honnête en moi. Mes affaires étaient celles des ombres, celles que l'on ne voit jamais mais dont la présence oppressante se fait ressentir au quotidien.
J'étais seul, et un silence inquiètant me cernait. Oh, il y avait bien le "clapclapclap" de la pluie cognant les pavés, parfois un coup de tonnerre lointain, et plus rarement, un appel quelconque s'étouffant dans les ténèbres, inconnu. Mais il n'y avait personne.
Je suis le fantôme de Londres.
Je me pressais, quittant l'artère principale pour m'engouffrer dans le dédale de ruelles du Quartier Chinois. Eux aussi, à leur façon, étaient des fantômes. Vous n'en voyiez aucun en dehors de leur territoire, et pourtant de leur activité dépendait le bon fonctionnement de la capitale anglaise.
Ils étaient toujours en pleine effervescence, toujours en mouvement, avec leurs marchés à la dérobée et leurs étals vous proposant des denrées aussi exotiques que la soie de Cathay ou la viande de rat grillée. Vous étiez inondé d'odeurs entêtantes et de conversations en leur langue ancienne, vous faisant presque oublier que vous étiez sur le territoire de la Reine.
Ce soir là, ils étaient absents, la pluie ayant eu raison d'eux. Pas un bon signe, je me sentais obligé de penser. Les étals vides, les charrettes abandonnées, les tonneaux éventrés, rien ici ne me rassurait. Pire, tout cela me faisait sentir étranger.
Ironie, quand tu nous tiens.
Et il n'empêche qu'on n'y voyait rien à deux mètres devant. Le brouillard a ceci de particulier qu'il transforme les élèments du décor les plus innocents en silhouettes menaçantes, me faisant retenir mon souffle jusqu'à ce que l'illusion se dissipe. Mais le pire, c'était quand même parfois les éclats inquiétants, à la périphérie de mon regard. Des éclats d'acier froid et morne, d'où le poison d'un vert maladif dégouline.
Mais à chaque fois que je me retourne, que je tourne la tête, rien. Rien si ce n'est une rue exigue londonienne.
Est-ce le début de la folie ?
Elle me menaçait, depuis que j'avais commencé à courir les ombres. Pourquoi avais-je commencé, déjà ? Ah, oui ...
Une femme, deux enfants. Et à cause de la perte de mon emploi en usine.
Un emploi minable, mais un emploi honorable, essayais-je de me convaincre.
Et pourquoi, pourquoi juste ne pas laisser tomber ? Tout quitter, traverser la Manche, voyager comme j'ai toujours rêvé de le faire, avec pour toit les étoiles et comme amante la liberté ?
L'âge, sûrement. Je n'étais plus assez jeune pour ces folies ...
Puis, ailleurs n'était pas plus reluisant qu'ici. Sur toutes les bouches, la guerre sur le continent résonnait. L'Empire Allemand était devenu en peu de temps un état encore plus formidable que la France, et nous n'avions aucun doute concernant leurs desseins ...
Et je continuais à marcher, une perle de sueur glissant le long de mon front. Dans un espace confiné, même les plus petits sons font beaucoup de bruit. Mes pas râclant le sol, ma respiration irrégulière, les battements de mon coeur. Boum boum. Boum.
Le bruit d'un pistolet qu'on arme. D'acier que l'on sort de son fourreau. Je me stoppe, tétanisé. Ce n'était pas la première fois que je venais par ici, et jamais, jamais, je n'avais eu d'ennuis.
Mais il y avait une première fois à tout.
Je n'étais pas bête, et j'avais toujours mon deux-coups sous mon manteau. Je ne l'ai jamais utilisé, mais il était chargé et prêt à l'usage. Je comptai trois secondes, qui parurent une éternité. Et je me retournai, mes deux mains tremblantes faisant de leur mieux pour tenir droit l'instrument de mort.
Mais il n'y avait rien.
- Et bien, camarade, que t'arrive-t-il ?
Je faisai volte-face, juste pour me trouver nez-à-nez avec Franz. Il haussa un sourcil, et m'adressa un sourire goguenard, avant de lever les mains dans une mascarade de rédition. Plus troublé qu'agacé, je reculai d'un pas, avant de ranger à nouveau l'arme. Comment ? Je ne l’avais pas entendu arriver. Et les menaces que j'avais entrevues ? Que j'avais entendues ?!
Je perdais la tête, définitivement.
Tout ce qu'il y avait dans cette ruelle, c'était Franz. Un mec sale à la barbe mal rasée, habillé comme un roublard, et puant le tabac. Ils se ressemblaient tous, dans le milieu. Pourtant, je ne sais pas. Il avait quelque chose de différent. Quelque chose dans son regard, qui brillait d'une lueur particulière.
Il m'appela à nouveau.
- Alors, tu l'as ?
- Oui, je l'ai.
Même si ce que j'avais, je n'avais strictement aucune idée de ce que c'était. Je n'étais qu'un coursier, et de toutes façons, je ne voulais pas être plus impliqué dans leurs petites magouilles. Je sortis de mon manteau une lettre entourée de lourde ficelle, cachetée avec un sceau de l'ancien temps, et lui me tendit une enveloppe, contenant l'argent dont j'avais tant besoin.
Il avait l'air satisfait, et je supposais que c'était tant mieux. Maintenant, il ne me restait qu'à partir. Je voyais ses yeux parcourir le papier dévoilé, et ce n'était plus mes affaires. Je venais, je faisais ce que j'avais à faire, puis je repartais. Ca avait toujours été comme ça, et je ne voyais aucune raison pour que cela change.
C'est pour ça que la peur m'a saisi, quand une main s'est posée sur mon épaule.
- Camarade, je ne pourrai jamais te remercier assez pour ce que tu viens de faire pour moi.
Je ne comprenais pas. Comment pourrais-je comprendre ?
Il me retourna, et sans que je comprenne, je me retrouvai dans son accolade, chaleureuse. L'odeur de tabac bon marché irrita mes narines. J'étais sur le point de me défaire de son étreinte que j'en eu le souffle coupé.
Le froid envahissait ma poitrine. Un froid qui laissait rapidement place à une douleur aigue. Je m'écroulai, à genoux, juste pour constater le couteau planté dans mon ventre, suintant de sang.
J'essayai avec peine d'atteindre mon deux-coups, mais les forces me quittaient trop vite. La tête me tournait, alors que respirer se faisait plus et plus dur. Finalement, sans comprendre comment, mon visage heurta le sol. Et rebondit, une fois. La vision se faisait plus et plus floue, alors que les ténèbres me happaient. Que je pensais à ma famille, à mes parents, à mes amis. A mes rêves d'inconnu et de voyage.
- Pour la Révolution, camarade.
Le dernier son que j'entendis, alors que j'essayais toujours de comprendre ... Pourquoi.